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PAGES DU PRATICIEN
Cet enfant présente-t-il une appendicite?
David G. Bundy, MD, MPH;
Julie S. Byerley, MD;
E. Allen Liles, MD;
Eliana M. Perrin, MD, MPH;
Jessica Katznelson, MD;
Henry E. Rice, MD
RÉSUMÉ
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Contexte L'évaluation des douleurs abdominales chez les
enfants peut être complexe. Le diagnostic rapide et précis de
l'appendicite dans cette population réduit la morbidité de cette
cause fréquente de douleur abdominale en pédiatrie.
L'évaluation clinique peut permettre d'identifier (1) les enfants ayant
une douleur abdominale et un diagnostic probable d'appendicite qui
nécessitent une consultation chirurgicale immédiate pour une
appendicectomie potentielle, et (2) ceux présentant un tableau clinique
équivoque d'appendicite, nécessitant des examens diagnostiques
complémentaires.
Objectif Analyser systématiquement la précision et
l'exactitude des signes, des symptômes, et des résultats des
tests biologiques de routine pour l'évaluation des enfants avec une
appendicite potentielle.
Sources de données Nous avons effectué une recherche
des articles de langue anglaise dans les bases de données MEDLINE
(janvier 1966-mars 2007) et Cochrane, ainsi que dans les manuels d'examen
clinique et les bibliographies des articles obtenus; ces recherches ont
produit 2 521 articles potentiellement pertinents.
Sélection des études Les études étaient
incluses si elles (1) fournissaient des données primaires sur des
enfants âgés de 18 ans ou moins, avec une suspicion
d'appendicite; (2) présentaient des données d'interrogatoire
clinique, des résultats d'examen physique ou des données
biologiques de base; et (3) confirmaient ou excluaient l'appendicite par des
résultats anatomopathologiques, une observation clinique, ou un suivi.
Sur les 256 articles intégraux passés en revue, 42
répondaient aux critères d'inclusion.
Extraction des données Vingt-cinq des 42 études ont
été classées de niveau de qualité 3 ou mieux. Les
données de ces études ont été extraites
indépendamment par 2 évaluateurs.
Résultats Chez les enfants présentant une douleur
abdominale, la fièvre était le signe isolé le plus utile
associé à l'appendicite; la fièvre augmente la
probabilité d'appendicite (rapport de vraisemblance [RV], 3,4;
intervalle de confiance [IC] à 95 %, 2,4-4,8), et son absence
réduit inversement le risque (RV, 0,32; IC 95 %, 0, 16-0,64). Dans des
groupes sélectionnés d'enfants avec une appendicite
suspectée, soumis à des examens complémentaires, la
douleur à la décompression brutale triple le risque
d'appendicite (RV résumé, 3,0 ; IC 95 %, 2,3-3,9), tandis que
son absence en réduit la probabilité (RV résumé,
0,28; IC 95 %, 0,14-0,55). La douleur épigastrique migrant dans la
fosse iliaque droite (étendue RV, 1,9-3,1) augmente davantage le risque
d'appendicite que la douleur en FID (RV résumé, 1,2; IC 95 %,
1,0-1,5). Un taux de leucocytes inférieur à 10 000/µL
réduit la probabilité d'appendicite (RV résumé,
0,22 ; IC 95 %, 0,17-0,30), de même qu'un taux de polynucléaires
neutrophiles de 6 750/µL ou moins (RV, 0,06; IC 95 %, 0,03-0,16). Les
signes et les symptômes sont plus utiles lorsqu'ils sont
combinés, particulièrement pour identifier les enfants qui ne
nécessitent pas d'examen complémentaire ou d'intervention.
Conclusions Bien que l'examen clinique ne permette pas de poser un
diagnostic d'appendicite avec certitude, il est utile pour distinguer les
enfants avec une douleur abdominale justifiant un examen chirurgical
immédiat pour une appendicectomie potentielle, et ceux
nécessitant une évaluation diagnostique complémentaire.
Des données plus spécifiques aux enfants, stratifiées sur
l'âge, sont nécessaires pour renforcer la validité de
l'examen clinique dans le diagnostic de l'appendicite chez l'enfant.
JAMA.
2007;298(4):438-451
CAS CLINIQUES
Cas 1
Un garçon de 6 ans, précédemment en bonne
santé, se présente chez le médecin avec une histoire de
douleur abdominale d'un jour. La douleur a débuté dans la
région péri-ombilicale, et est maintenant localisée dans
la fosse iliaque droite (FID). Selon les déclarations de son
père, l'enfant se plaint d'anorexie et a présenté 1
épisode de vomissements non bilieux, ainsi qu'une fièvre de
38,3°C. Il n'a pas de diarrhées ni de dysurie. Il a l'air souffrant
et présente une température buccale de 38,8°C. Il n'y a pas
de tachycardie ni de tachypnée. Son abdomen est localement sensible
dans la FID, avec un léger ballonnement et une douleur à la
décompression. Son taux de leucocytes est de 14 200/µL (67% de
neutrophiles; nombre absolu de polynucléaires neutrophiles, 9
500/µL). L'examen des urines indique l'absence de signes d'infection
urinaire.
Cas 2
Une fillette de 9 ans se présente aux urgences avec une histoire de
douleur abdominale basse et d'anorexie. Elle prétend ne pas avoir de
fièvre, de frissons, de nausées, de vomissements, de
diarrhées ni de dysurie. Elle est d'âge prépubère.
À l'examen, elle est afébrile et présente une
sensibilité diffuse à la palpation et une défense
musculaire volontaire, mais aucune douleur à la décompression
dans les deux quadrants inférieurs. Son taux de leucocytes est de 11
000/µL (50 % de neutrophiles; nombre absolu de neutrophiles, 5 500/µL)
et l'examen des urines n'est positif que pour 1+ leucocyte estérase et
3 leucocytes par champ microscopique. L'échographie abdominale et
pelvienne effectuée est normale. Cependant, l'appendice n'est pas
clairement visualisé.
POURQUOI CETTE QUESTION EST-ELLE IMPORTANTE ?
La douleur abdominale est l'un des symptômes les plus
fréquemment rencontrés chez les enfants soumis à
l'attention médicale. Les étiologies des douleurs abdominales
chez l'enfant varient de causes simples (constipation, par exemple) à
potentiellement graves (volvulus intestinal sur malrotation). Distinguer
l'appendicite d'autres affections s'avère difficile,
particulièrement chez les enfants préverbaux. L'imagerie
diagnostique est de plus en plus souvent utilisée, mais présente
certaines inconvénients, notamment l'exposition à des radiations
ionisantes (tomodensitométrie),1 une disponibilité
limitée de techniciens entraînés à toute heure
(échographie), et le coût. En outre, l'utilisation de ces outils
peut retarder le traitement définitif (l'appendicectomie) chez les
enfants présentant une appendicite. En conséquence,
l'évaluation de la douleur abdominale chez les enfants devrait viser
à identifier ceux ayant des douleurs abdominales et une appendicite
probable, qui devraient subir une évaluation chirurgicale
immédiate pour une appendicectomie potentielle, et ceux avec un tableau
clinique équivoque d'appendicite potentielle devant
bénéficier d'examens diagnostiques complémentaires,
incluant l'imagerie diagnostique, l'observation clinique, et/ou la
consultation chirurgicale. Chez les enfants qui se présentent aux
urgences ou en consultation externe avec une douleur abdominale, l'appendicite
est l'étiologie chirurgicale la plus
fréquente.2,3
Soixante dix sept mille sorties des services hospitaliers pédiatriques
chaque année concernent l'appendicite et d'autres lésions
appendiculaires, pour un coût de $ 680
millions.4
Chez un tiers des enfants souffrant d'appendicite, la perforation survient
avant le traitement
chirurgical.5,6
Particulièrement chez les enfants préverbaux, le risque de
perforation au moment du diagnostic d'appendicite est relativement
élevé, en raison de la rareté de la maladie dans ce
groupe d'âge, ainsi que de la difficulté de distinguer
l'appendicite de causes plus communes de douleur abdominale. Chez les enfants
de moins de 4 ans, la perforation appendiculaire survient dans la grande
majorité des cas, avec des taux rapportés atteignant 80 %
à 100
%.7-9
En revanche, l'appendicite est plus fréquente chez les enfants de 10
à 17 ans, qui connaissent néanmoins un taux de perforation
beaucoup plus faible (10 %-20
%).6,7,10,11
L'appendicite est plus courante dans la deuxième décennie de la
vie, avec une incidence légèrement supérieure chez les
garçons que chez les
filles.7
La forte incidence de l'appendicite chez les enfants, ainsi que sa
morbidité significative en cas de perforation, justifient l'importance
de poser rapidement un bon diagnostic. Cependant, distinguer l'appendicite des
nombreuses causes non chirurgicales de douleur abdominale est difficile chez
les enfants, tant en raison de la complexité de l'examen et de la
communication avec ces patients, que de la présentation potentiellement
différente du tableau classique dans l'enfance. Ces difficultés
contribuent probablement aux taux d'appendicites initialement mal
diagnostiquées de 28 % à 57 %, rapportés chez les enfants
de moins de 12
ans.12-14
Ainsi, l'appendicite non diagnostiquée est la deuxième cause
(après la méningite) de plaintes pour faute professionnelle, en
médecine d'urgence
pédiatrique.15
Un précédent article de la série consacrée
à l'examen clinique rationnel (Rational Clinical Examination)
s'était intéressé à l'appendicite chez l'adulte16
; cependant, la complexité de l'évaluation des enfants avec une
appendicite potentielle suggère la nécessité d'effectuer
une revue des données relatives à l'appendicite dans cette
population.
Origines anatomiques et physiologiques des signes et symptômes de l'appendicite
La physiopathologie de l'appendicite chez l'enfant diffère de celle
de l'adulte, en raison de la localisation anatomique changeante de l'appendice
et de sa sensibilité dans l'enfance. Les nouveaunés
développent rarement une appendicite parce qu'ils ont un appendice en
forme d'entonnoir moins
sensible.17
En outre, le régime de consistance molle, la position couchée,
ainsi que la rareté des infections des voies aériennes
supérieures et gastro-intestinales chez l'enfant, contribuent à
réduire l'incidence
d'appendicite.18
L'appendicite néonatale présente un taux de mortalité
historiquement relativement élevé (64 % en 1901-2000), bien
qu'un récent rapport ait indiqué une réduction de ce taux
à 28
%.19
Autour des âges de 1 à 2 ans, l'appendice prend sa forme
adulte caractéristique, et devient plus sensible à
l'inflammation. L'hyperplasie folliculaire lymphoïde et la taille
folliculaire augmentent progressivement au cours de l'enfance pour atteindre
un pic à l'adolescence, qui correspond à la période
d'incidence d'appendicite la plus
élevée.7,12
Les adolescents tendent à avoir un taux de perforation inférieur
aux jeunes enfants, probablement parce qu'ils présentent des
symptômes plus typiques à un stade plus précoce de
l'inflammation.
Chez les adolescentes, il peut être difficile de distinguer
l'appendicite de la salpingite aiguë et d'autres problèmes
gynécologiques. En conséquence, les filles et les femmes de 15
à 24 ans sont 2,5 fois plus susceptibles que les garçons et les
hommes du même âge d'avoir une appendicectomie négative
(bilan
faux-positif).7
Bien que le taux d'erreur diagnostique initiale (fauxnégatif) soit
élevé chez les femmes en âge de procréer avec
appendicite (33 % dans 1 étude de femmes âgées de 15
à 45
ans),19
elles ne présentent pas de taux de perforation supérieur aux
garçons.20
Comment mettre en évidence les symptômes pertinents
L'interrogatoire des enfants constitue souvent une difficulté pour
les infirmières et les médecins. L'évaluation de la
douleur abdominale dépend de l'âge de l'enfant, une approche
totalement différente devant être utilisée chez les plus
jeunes et chez les adolescents, pour obtenir une histoire pertinente. Les
parents, les frères et sœurs, et autres dispensateurs de soins
peuvent être présents dans la salle d'examen; chacun peut avoir
une perspective différente de l'affection de l'enfant. Bien que la
plupart des enfants plus âgés soient en mesure de donner des
détails sur leur affection, les plus petits et les enfants d'âge
scolaire ont besoin de la présence d'un proche pour raconter leur
histoire. Chez les enfants préverbaux, qui ne sont pas forcément
en mesure d'exprimer ce qu'ils ressentent ou de localiser leur douleur, les
cliniciens doivent détecter des données pathologiques
potentielles en se basant sur leur comportement face aux aliments, dans le
jeu, dans le sommeil, et à la selle. Même si les parents peuvent
constituer de bons juges de l'état de leur enfant, les cliniciens
doivent tirer les conclusions appropriées à partir de leurs
hypothèses. Beaucoup d'enfants, surtout les plus jeunes, peuvent
être fortement influençables. Malgré leur sens
contradictoire, des questions comme « Est-ce que ça fait mal,
là ? » et « Là, ça va ? » peuvent
souvent produire la même réponse affirmative chez les
enfants.
La douleur abdominale est un symptôme quasi-universel d'appendicite
chez les enfants plus âgés, mais l'histoire de la douleur peut
être difficile à obtenir chez les plus jeunes. Elle débute
classiquement par une douleur épigastrique ou péri-ombilicale
mal définie, qui migre souvent dans la FID en quelques heures à
quelques jours; la plupart des enfants en âge scolaire peuvent
clairement décrire et localiser la migration de leur douleur.
Cependant, les plus jeunes peuvent ne pas être en mesure de rapporter
précisément leur douleur, et l'examinateur doit pouvoir la
localiser en demandant simplement à l'enfant de montrer du doigt le
point sensible. Chez les enfants préverbaux et ceux en âge
préscolaire, l'histoire de la douleur est souvent impossible à
obtenir, et le médecin peut devoir reposer uniquement sur l'examen
physique pour déterminer l'origine de la douleur présente.
La fièvre est un symptôme initial fréquent et non
spécifique, observé chez les enfants qui recherchent des soins
médicaux pour de nombreuses affections, incluant l'appendicite. La
température rectale doit être prise chez les jeunes enfants qui
ne sont pas en mesure de garder un thermomètre buccal sous la langue.
Les thermomètres tympaniques sont souvent peu fiables,
particulièrement entre les mains d'opérateurs non
entraînés.21,22
La température axillaire peut être trompeuse, dans la mesure
où elle est presque toujours inférieure à la
température corporelle
centrale.23,24
Des questions concernant la hauteur de la fièvre et la manière
dont elle a été mesurée doivent être posées
pour tout enfant se présentant avec des douleurs abdominales,
même s'il ne présente pas de fièvre. La chaleur
perçue au toucher, rapportée par les parents, ne doit pas
être négligée, ceux-ci étant des juges relativement
fiables de la fièvre de leur
enfant.25,26
Les personnes en charge de l'enfant doivent également être
interrogées sur l'usage d'analgésiques et
d'antipyrétiques (paracétamol par exemple), ces
médicaments pouvant masquer la fièvre.
L'anorexie, les nausées, les vomissements et les diarrhées
sont associés à de nombreux troubles abdominaux et non
abdominaux dans l'enfance. Chez les enfants d'âge scolaire, une histoire
d'anorexie peut être obtenue en leur demandant s'ils ont faim; chez les
plus petits et les enfants d'âge préscolaire, l'anorexie peut
devoir être déduite des déclarations d'un proche
rapportant un refus de s'alimenter ou une réduction de
l'appétit. Les vomissements bilieux et l'occlusion de l'intestin
grêle peuvent constituer des symptômes révélateurs
d'appendicite, mais les premiers suggèrent également la
possibilité d'autres affections émergentes, comme le volvulus
sur malrotation ou l'invagination intestinale. Le caractère de la
diarrhée, si elle est présente, est un détail clinique
majeur. Les selles sanguinolentes suggèrent un diagnostic autre que
l'appendicite (invagination ou colite infectieuse, par exemple).
Enfin, la durée et la progression des symptômes abdominaux
peuvent être difficiles à déterminer chez l'enfant, mais
sont essentielles pour distinguer l'appendicite des autres causes
potentiellement résolutives de douleur abdominale. Il peut être
utile de demander aux enfants d'âge scolaire d'indiquer le premier repas
qu'ils n'ont pas voulu manger et de le distinguer de leurs premiers
vomissements. Souvent, les enfants peuvent se rappeler certains signes
d'appétit anormal, 1 à 2 jours avant la survenue de la douleur
aiguë. L'identification de la première apparition des
symptômes est fondamentale pour diagnostiquer rapidement l'appendicite
et minimiser le risque de perforation, le taux de perforation augmentant
parallèlement à l'allongement de la durée des
symptômes.27
Le traitement différé pendant plus de 36 heures augmente le taux
de perforation jusqu'à 65
%.28
Comment mettre en évidence les, signes pertinents
Les techniques d'examen physique et leurs résultats sont fonction de
l'âge. La plupart des enfants plus âgés peuvent
coopérer à l'examen abdominal et dire si certaines
manœuvres spécifiques sont douloureuses. Les plus jeunes peuvent
avoir du mal à coopérer à l'examen, souvent par peur ou
par inconfort, et ne pas être en mesure de répondre clairement
aux questions. Particulièrement chez les enfants plus jeunes, il peut
être utile de passer plusieurs minutes à parler et à les
mettre en confiance avant de commencer l'examen. Les plus jeunes peuvent
être plus coopératifs s'ils restent assis sur les genoux d'un
parent. Si le parent et le médecin s'assoient face à face,
l'enfant peut s'allonger entre les 2 adultes, la tête sur les genoux du
parent. Les composantes non douloureuses de l'examen doivent être
effectuées en premier. Lors de l'examen de l'enfant, le clinicien doit
veiller à ne pas fixer son abdomen. Il doit plutôt se concentrer
sur le visage de l'enfant, tant pour le rassurer que pour évaluer ses
changements d'expression lors des différentes manœuvres sur
l'abdomen.
Pour les enfants qui ne veulent pas se faire examiner l'abdomen, il existe
plusieurs techniques de distraction utiles. Engager les enfants verbaux dans
une conversation, avant et pendant l'examen, facilite souvent la
procédure. La plupart continueront de parler tant que les
manœuvres ne seront pas douloureuses. Les enfants qui ont peur de
l'examen physique peuvent se contracter ou dire qu'ils ont mal quand ce n'est
pas le cas. Dire à un enfant que vous allez écouter son abdomen,
puis palper les 4 quadrants avec un stéthoscope, d'abord
légèrement puis plus profondément, peut permettre de
localiser la douleur et de déterminer si la défense involontaire
et la douleur à la décompression sont présentes. Chez
l'enfant qui refuse de coopérer malgré tous les efforts
déployés pour le relaxer et le distraire, un examen peut
être effectué pendant le sommeil spontané.
L'examen abdominal doit être axé sur la localisation de la
douleur et sur la détermination de la présence de défense
involontaire ou de douleur à la décompression. La défense
est un état de contraction des muscles abdominaux, qui peut être
volontaire ou involontaire. La défense volontaire est souvent
liée à la peur de la douleur plutôt qu'à une
douleur réelle, mais peut généralement être
partiellement ou totalement maîtrisée par des techniques de
relaxation ou de distraction. La défense involontaire, également
appelée rigidité, est un spasme réfléchi de la
musculature abdominale en cas d'irritation péritonéale, comme
dans le cas de l'appendicite, et ne peut pas être surmontée par
la distraction.
Outre la défense involontaire, la douleur à la
décompression peut également révéler une
péritonite localisée. La décompression est obtenue par le
retrait brutal de la main de la paroi abdominale; l'examinateur doit appuyer
sur la zone concernée à l'aide de la main ou d'un
stéthoscope, assez profondément pour abaisser le
péritoine, maintenir une pression constante pendant 15 à 30
secondes, puis retirer brusquement sa main. La douleur à la
décompression est une douleur qui s'accentue lors du relâchement
plutôt qu'à la pression. Cependant, particulièrement chez
les jeunes enfants, cette manœuvre peut être difficile à
effectuer. Dans ce cas, l'irritation péritonéale peut
également être détectée par d'autres manoeuvres, en
demandant à l'enfant de sauter ou de tousser, en tapotant son pied, ou
en secouant légèrement le lit, tout en observant les expressions
d'inconfort sur son visage. En outre, il est utile de déterminer si
l'irritation péritonéale est située en FID, comme cela
est fréquent dans l'appendicite débutante, ou si elle est
présente sur tout l'abdomen, comme en cas de perforation appendiculaire
et de péritonite diffuse subséquente. Certains experts
suggèrent que la douleur abdominale en position accroupie est
associée à une appendicite rétrocaecale. Outre
l'âge de l'enfant, les résultats de l'examen physique peuvent
également dépendre d'autres facteurs, comme la localisation
anatomique de l'appendice et la durée du processus inflammatoire.
Ainsi, les enfants avec un appendice rétrocaecal ou pelvien peuvent
présenter des signes et des symptômes différents, comme
des douleurs rachidiennes ou pelviennes, de ceux avec un appendice plus
antérieur. De même, les enfants vus précocement dans la
maladie, avec une inflammation appendiculaire minimale, peuvent
présenter peu de signes abdominaux; cependant, ces signes peuvent
progresser et devenir plus perceptibles parallèlement à
l'aggravation de l'inflammation.
Outre l'examen abdominal minutieux, un examen physique complet est
impératif lors de l'évaluation d'un enfant présentant des
douleurs abdominales, incluant un examen pelvien chez les filles sexuellement
actives. Plusieurs affections médicales (pneumonie de la base droite
notamment) et chirurgicales (torsion testiculaire, par exemple) peuvent
produire des signes et des symptoômes similarties á l'appendicite
chez les enfants, et être néligées si le médecin
est exclusivemnet focalisé sur l'abdomen.
MÉTHODES
Stratégie de recherche et évaluation qualitative
Nous avons recherché, sur MEDLINE via PubMed, les articles
publiés entre janvier 1966 et mars 2007. Nous avons croisé la
stratégie de recherche initiale de la série d'Examen clinique
retionnel avec les termes appendicite et diagnostic, avec une limitation aux
articles de langue anglaise concernant des enfants âgés de 0
à 18 ans. Les titres et les résumés (si disponible) de
l'ensemble final de 2 521 articles ont été revus
indépendamment par 3 auteurs (D.G.B., J.S.B., et E.A.L.). Les articles
sélectionnés par au moins 2 auteurs étaient
récupérés pour revue du texte intégral. Ceux
sélectionnés par seulement l auteur étaient
réexamineés pa les 3 évaluateurs, et retenus par
consensus. Pour notre recherche secondaire, nous avons analysé
manuellement les bibliographies des articles et revues
récupérés. Nous avons également consulté
les manuels d'interrogatoire clinique et d'examen physique largement
utilisés, pour rechercher les signes, symptômes et citations
pertinents.29-32
Des recherches axées sur les signes et les symptômes
effectuées sur MEDLINE, ainsi que dans la basae de données
Cochrane, ont complété notre recherche secondaire. Nos
recherches combinées ont produit 256 articles pour une revue du texte
intégral.
À partir des 256 articles intégraux examinés, nous en
avons identifié 42
qui1
fournissaient des données primaires sur des enfants avec une
appendicite
suspectée;2,
présentaient des données d'interrogatoire clinique, des
résultats d'examen physique ou des données d'analyses
biologiques de baase ;
et3
confirmaient ou excluaient l'appendicite par observations
anatomopathologiques, observation clinique, ou suivi. Les études
évaluant des associations de signes et de symptômes
étaient incluses, mais seulement si elles rapportaient des
données d'une populaiton différente de celle utilisée
pour obtenir le systène. Trois auteurs (D.G.B., J.S.B. et E.A.L.) ont
effectué une revue qualitative indépendante de chacun de ces
articles, en utilisant le filtre méthodologique
précédemment décrit dans cette
série.33
Nous avons attribué un niveau 1 aux articles comportant une
comparaison indépendante à l'aveugle des signes, des
symptômes ou des résultats biologiques avec des données
anatomopathologiques, l'observation clinique, ou le suivi, chez 200 enfants ou
plus présentant des douleurs abdominales. Nous avons attribué le
niveau 2 aux articles similaires, qui évaluaient moins de 200 enfants.
Les articles de niveaux 1 et 2 traitaient des séries d'enfants
présentant des douleurs abdominales non spécifiques. Le niveau 3
était réservé aux articles qui rapportaient une
comparaison indépendante, à l'aveugle, chez des patients non
consécutifs. Les études de ce groupe portaient le plus souvent
sur des séries de patients admis, orientés ou
opérés pour une appendicite suspectée. Ces articles n'ont
pas été classés de niveau 1 ou 2 parce qu'ils ne
portaient pas sur des patients consécutifs évalués pour
une douleur abdominale, mais représentaient des groupes d'enfants plus
limités, jugés suffisamment inquiétants pour motiver une
action supplémentaire. Cette différence explique la
prévalence supérieure d'appendicites confirmées,
observée dans les études de niveau 3 comparé aux
études de niveaux 1 et 2. Les études de niveau 4 (comparaisons
non indépendantes des signes et des symptômes avec une
méthode de référence, dans des échantillons
aléatoires de patients ayant manifestement la pathologie
concernée et des individus en bonne santé), et les études
de niveau 5 (similaires à celles de niveau 4, à l'exception de
l'utilisation d'une référence de validité incertaine pour
la comparaison) étaient exclues de l'analyse. Les désaccords
dans les niveaux de qualité des données ont été
résolus par discussion.
Analyses statistiques
Deux auteurs ont extrait indépendamment les données de
l'ensemble des articles sélectionnés. Ces données
originales ont été utilisées pour calculer la
sensibilité, la spécificité, et les rapports de
vraisemblance (RV) positifs et négatifs pour chaque signe,
symptôme ou test biologique. Pour les éléments qui avaient
des résultats nuls dans une quelconque cellule des tableaux 2 x
2, les rapports de vraisemblance et leur intervalle de confiance (IC) à
95 % étaient calculés en ajoutant 0,5 à toutes les
cellules. Du fait que les études de niveaux 1 et 3 comprenaient des
populations de patients différentes, nous n'avons pas combiné
leurs résultats. Les résultats rapportés dans seulement 2
études de niveau 3 sont présentés en étendues.
Pour les signes et les symptômes évalués dans 3
études (ou plus) de niveau 3, nous rapportons des mesures
résumées avec un modèle à effets aléatoires
(logiciel Fast*pro, version 1.8 Academic Press, Boston,
Massachussetts).34
Les modèles à effets aléatoires donnent des intervalles
de confiance plus conservateurs (c'est-à-dire plus larges) que ceux
à effets fixes, et présentent mieux l'incertitude dans les
estimations en pourcentage. Seulement 2 des 11 critères
(sensibilité rectale et taux de leucocytes > 14 900-15 000/µL)
présentaient une hétérogénéité
statistique dans les RV positifs et négatifs. En cas
d'hétérogénéité, l'étendue des
estimations en pourcentage était pratiquement similaire aux IC à
95 %. En conséquence, l'estimation en pourcentage du RV avec son IC
à 95 % constitue une meilleure base de raisonnement clinique que
l'étendue seule.
RÉSULTATS
Résultats de la recherche et qualité des données
Quarante deux études répondaient à nos critères
d'inclusion, auxquelles un niveau de preuve a été
attribué. Sur ces études, 25 étaient de niveau 3 ou mieux
(niveau 1 : n = 1 ; niveau 3 : n = 24) et sont incluses dans cette analyse
(Tableau 1). Une autre
étude ne fournissait que des données sur la précision
diagnostique.
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Tableau 1.. Caractéristiques des études incluses
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Probabilité prétest
La probabilité prétest (prévalence) d'appendicite dans
la seule étude de niveau 1 était de 10
%.35 Cette
étude évaluait tous les enfants de 3 à 18 ans qui se
présentaient aux urgences avec des douleurs abdominales de moins d'une
semaine, et excluait ceux ayant un antécédent de trauma ou de
douleurs abdominales récurrentes. La prévalence de l'appendicite
atteignait un maximum dans le groupe d'âge de 10 à 12 ans, mais
le nombre dans chaque groupe était restreint: pour le groupe de 3
à 6 ans, 10 %, de 7 à 9 ans, 9 %; de 10 à 12 ans, 17 %;
de 13 à 15 ans, 12 %; et de 16 à 18 ans, 6 %. Toutes les
études de niveau 3 avaient des probabilités prétest de
maladie supérieures (25 %-89 %), reflétant la plus grande
sélection des patients étudiés.
Précision des signes et des symptômes
Nous avons trouvé 1 étude portant sur la précision
inter-observateur dans l'examen physique des enfants avec des douleurs
abdominales. Yen et
coll.59 ont
évalué la précision interobservateur parmi des
médecins d'urgences pédiatriques (médecins traitants ou
moniteurs), résidents de garde aux urgences (pédiatrie,
médecine d'urgence, et médecine familiale), et chirurgiens
pédiatriques en formation (résident senior en chirurgie ou
similaire). Pour 7 critères cliniques (ballonnement abdominal,
sensibilité à la percussion, sensibilité à la
palpation, défense abdominale, sensibilité à la
décompression, absence de bruits intestinaux, et diagnostic clinique de
péritonite), la précision interjuge était faible. La
sensibilité à la décompression était le seul
critère ayant une statistique? supérieure à 0,5 (K =
0,54).
Exactitude des symptômes
Symptômes douloureux. La douleur abdominale est un
critère quasi universel dans l'appendicite de l'enfant. Dans la mesure
où la présence de douleur abdominale était un
critère d'inclusion dans la majorité des articles que nous avons
retenus, nous n'avons pas pu évaluer sa signification
indépendante en tant que symptôme initial. La durée de la
douleur de plus ou moins de 24 heures n'affectait pas la probabilité
d'appendicite, que ce soit chez les enfants non sélectionnés
avec douleur abdominale (étude de niveau 1) ou dans les groupes
sélectionnés d'enfants soumis à des investigations
complémentaires pour l'appendicite (études de niveau 3)
(Tableau 2). Dans les
études de niveau 3, la présence de douleur dans la FID avait un
impact minimal sur la probabilité d'appendicite (RV
résumé, 1,2; IC 95 %, 1,0-1,5); cependant, son absence en
réduisait la probabilité (RV résumé, 0,56; IC 95
%, 0,43-0,73). La présence d'une douleur débutant dans la
région épigastrique et migrant dans la FID était plus
utile (étendue RV, 1,9-3,1), tandis que l'absence de migration de la
douleur avait un RV comparable à celui de l'absence de douleur dans la
FID (étendue RV pour l'absence de migration en FID, 0,41-0,72).
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Tableau 2.. Exactitude des symptômes
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Autres symptômes. Cinq études évaluaient la
sensibilité et la spécificité de la fièvre. La
définition de la fièvre dans les articles s'échelonnait
de plus de 37°C à plus de 38,1°C, et n'était pas
rapportée dans toutes les études; nous avons défini la
fièvre comme présente ou absente en nous basant sur les
définitions des différents articles. Les résultats pour
la fièvre en tant que variable discriminante étaient
mitigés. La seule étude de niveau 1 a trouvé que la
fièvre triplait la probabilité d'appendicite (RV, 3,4; IC 95 %,
2,4-4,8), tandis que son absence réduisait la probabilité
d'environ deux-tiers (RV, 0,32; IC 95 %, 0,16-0,64).35 La fièvre
n'était pas un symptôme aussi utile dans les 4 études de
niveau 3 qui évaluaient ce critère (RV positif
résumé, 1,2 [IC 95 %, 1,1-1,4]; RV négatif
résumé, 0,53 [I 95 %, 0,29-0,97]). De même que la
validité diagnostique de la fièvre, la présence de
vomissements ou de diarrhées se révélait plus utile dans
l'étude de niveau 1 (RV pour la présence de vomissements, 2,2
[IC 95 %, 1,7-2,9] et diarrhées, 2,6 [IC 95 %, 1,3-4,9]) que dans les
études de niveau 3. L'absence de vomissements avait une valeur
équivalente dans toutes les études, avec un RV
résumé de 0,57 (IC 95 %, 0,47-0,69). En revanche, l'absence de
diarrhées n'apportait pas beaucoup d'informations et présentait
la même performance modeste dans toutes les études (RV
résumé, 1,0; IC 95 %, 0,97-1,1).
La présence ou l'absence d'anorexie ou de nausées
était moins utile dans l'étude de niveau 1; ces critères
sont donc de valeur incertaine. La constipation, la léthargie, et la
dysurie ont tous été évalués dans 1 étude,
mais les IC à 95 % pour tous ces critères incluaient 1.
Exactitude des signes
Les données de niveau 1 n'étaient disponibles que pour un
seul signe, la sensibilité abdominale localisée. Ce signe
n'était pas utile pour prédire l'appendicite
(Tableau 3). Dans les groupes
plus restreints d'enfants évalués dans les études de
niveau 3, la présence de sensibilité dans la FID à la
palpation était de valeur minimale, mais l'absence de
sensibilité dans cette région avait à peu près le
même RV que l'absence du symptôme de douleur dans la FID (RV
résumé pour l'absence de sensibilité dans la FID, 0,45;
IC 95 %, 0,35-0,59). La sensibilité à la décompression
était le signe le plus utile évalué dans au moins 3
études. Dans ces études de niveau 3, la présence de
sensibilité à la décompression triplait le risque
d'appendicite (RV résumé, 3,0; IC 95 %, 2,3-3,9), tandis que son
absence réduisait le risque de plus de deux-tiers (RV
résumé, 0,28; IC 95 %, 0,14-0,55). La défense
involontaire, évaluée seulement dans 2 études,
apparaissait à peu près aussi utile que la sensibilité
à la décompression (étendue RV positif, 1,6-2,6;
étendue RV négatif, 0,21-0,61). La présence de
sensibilité rectale augmentait également la probabilité
d'appendicite (RV résumé, 2,3; IC 95 %, 1,3-4,1), mais son
absence n'était pas aussi valable (RV résumé, 0,7; IC 95
%, 0,56-0,87). De même, un signe du psoas peut être utile
lorsqu'il est présent (étendue RV, 2,0-2,5), mais pas lorsqu'il
est absent (étendue RV, 0,75-0,86). Tous les autres critères
rapportés n'ont été évalués que dans une
seule étude, ce qui leur confère une valeur diagnostique
incertaine.
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Tableau 3.. Exactitude des signes
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Signes et symptômes ayant des données insuffisantes pour être évalués
Dans notre revue, nous avons identifié un certain nombre de signes
et de symptômes qui ont été posés comme
prédictifs d'appendicite chez l'enfant, mais pour lesquels l'absence ou
l'insuffisance des données ne permettent pas de déterminer la
valeur diagnostique potentielle (Encadré). Les données
concernant ces signes et symptômes sont soit absentes, soit uniquement
disponibles chez l'adulte, soit de qualité méthodologique
insuffisante pour être incluses dans cette revue.
Exactitude des examens biologiques
Les données relatives aux résultats biologiques
n'étaient disponibles que dans des études de niveau 3 concernant
des enfants avec une suspicion d'appendicite. Une numération
leucocytaire était fréquemment réalisée chez ces
enfants (Tableau 4). Quatre
études utilisaient une valeur seuil supérieure à 10
000/µL ou supérieure à 10 100/µL; tandis qu'une
variabilité dans la signification du taux de leucocytes était
observée au-dessus de ce seuil (RV résumé, 2,0; IC 95 %,
1,3-2,9), le RV pour un taux de leucocyte inférieur était
pratiquement identique dans 3 des 4 études (p = 0,06 pour
l'homogénéité du RV négatif). Un taux de
leucocytes inférieur à 10 0000/µL réduisait la
probabilité d'appendicite, avec un RV résumé de 0,22 (IC
95 %, 0,17-0,30). L'augmentation du seuil à 14 900/µL ou 15
000/µL n'améliorait pas le RV; les IC 95 % autour des RV positifs et
négatifs pour cette valeur seuil incluaient 1. Un taux de leucocytes
inférieur à 8 850/µL rendait cependant l'appendicite beaucoup
moins probable (RV, 0,06; IC 95 %, 0,02-0,17). Une étude utilisait les
limites supérieures de la normale stratifiées sur l'âge
pour le taux de leucocytes, les enfants de plus de 10 ans utilisant un seuil
inférieur (13 000/µL) aux enfants âgés de 10 ans ou
moins (15
000/µL).51
Les taux de leucocytes supérieurs à ces limites
stratifiées sur l'âge augmentaient la probabilité
d'appendicite (RV, 3,4 ; IC 95 %, 1,9-6,3). Un nombre absolu de neutrophiles
de 6 750/µL ou moins réduisait substantiellement la
probabilité d'appendicite (RV, 0,06; IC 95 %, 0,03-0,16).
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Tableau 4.. Exactitude des tests biologiques
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Encadré. Signes et symptômes d'appendicite non
corroborés (en raison de données inadéquates en
pédiatrie)
Symptômes
Syndrome de l'œil de chat (douleur survenant en cas de secousse)
Hyperesthésie cutanée
Antécédent familial d'appendicite
Ténesme
Signes
Sensibilité de la paroi abdominale Expression faciale
caractéristiquea
Aspect maladif
Température cutanée élevée sur le quadrant
abdominal inférieur droit (par opposition au gauche)
Sensibilité au point Lanweib
a Décrite comme une « aura de souffrance » avec «
un retroussement de la lèvre supérieure » ; voir
photographie dans l'étude
d'Odom.60
b Situé approximativement à 2,54 à 5,08 cm
antéro-latéralement à la crête du tibia, 4 travers
de doigt sous la bordure latéro-inférieure de la rotule,
jusqu'à la même zone au milieu du corps du tibia.
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La protéine C réactive (CRP), qui est de plus en plus souvent
disponible en urgence, présentait une performance inégale en
tant que facteur prédictif d'appendicite
(Tableau 4). Une étude
de niveau 3 utilisant des valeurs seuil ordinales a trouvé que les
enfants avec des taux de CRP de 25 mg/L ou plus étaient plus
susceptibles de présenter une appendicite (RV, 5,2 ; IC 95 %, 1,7-16)
que ceux ayant des taux inférieurs.46 Ce résultat a
été confirmé dans une récente étude qui
utilisait un seuil supérieur à 17 mg/L (RV, 2,9; IC 95 %,
1,2-7,0).49
Cependant, les IC 95 % sont larges pour le RV positif à chaque seuil de
CRP qui a été étudié. Les taux de CRP
inférieurs aux seuils définis montrent une probabilité
réduite d'appendicite ; avec un taux de CRP inférieur à 8
à 10 mg/L, l'étendue RV est étroite, de 0,44 à
0,47, suggérant qu'un taux de CRP normal réduit environ de
moitié la probabilité d'appendicite chez les enfants ayant une
appendicite suspectée. La vitesse de sédimentation globulaire
avait une performance comparable au CRP : une vitesse de sédimentation
globulaire supérieure à 20 mm/h augmentait la probabilité
d'appendicite (RV, 3,8 ; IC 95 %, 1,8-8,1) et une vitesse normale
réduisait légèrement la probabilité (RV, 0,68 ; IC
95 %, 0,56-0,81). La présence de leucocytes, d'érythrocytes, ou
de bactéries dans les urines n'était pas utile pour le
diagnostic d'appendicite.
Exactitude des associations de signes et de symptômes
Nous avons inclus 7 études qui évaluaient des associations de
signes et de symptômes (Tableau
5) ; toutes étaient des études de niveau 3 qui
portaient sur des enfants avec une appendicite suspectée. Quatre
études évaluaient prospectivement le score d'Alvarado, ou
MANTRELS (Tableau 6). Schneider
et coll.63
ont étudié des enfants orientés en consultation
chirurgicale par un service d'urgences pédiatriques. Owen et
coll.57 ont
étudié des enfants adressés aux urgences
pédiatriques pour une appendicite suspectée. Bond et
coll.42 ont
évalué des enfants se présentant aux urgences avec des
douleurs abdominales, et ont rapporté des données à des
valeurs seuil variables du score d'Alvarado. Parmi les enfants ayant un score
de 4 ou moins, aucun n'avait d'appendicite. Le score avait une meilleure
performance dans le groupe d'âge le plus élevé.
Conjointement, ces 3 études montrent qu'un score d'Alvarado de 7 ou
plus multiplie par 4 la probabilité d'appendicite (RV
résumé, 4,0 ; IC 95 %, 3,2-4,9), tandis qu'un score de moins de
7 réduit la probabilité de quatre-cinquièmes (RV
résumé, 0,20 ; IC 95 %, 0,09-0,41). Macklin et coll.50 ont
évalué un score d'Alvarado modifié, en éliminant
le critère de déviation gauche. Dans cette étude
d'enfants admis aux urgences pédiatriques pour des douleurs
abdominales, le score d'Alvarado modifié avait une performance
similaire au score d'Alvarado complet (RV positif, 3,6 [IC 95 %, 2,3-5,7] ; RV
négatif, 0,30 [IC 95 %, 0,17-0,54]).
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Tableau 5.. Exactitude des systèmes de cotation clinique
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Tableau 6.. Systèmes de cotation
d'Alvarado/MANTRELS61
et échelle pédiatrique
d'appendicite62
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En utilisant l'ensemble de données décrit ci-dessus,
Schneider et coll.63 ont également examiné l'échelle
pédiatrique d'appendicite,62 une variante du score d'Alvarado qui n'a
pas été validée précédemment
(Tableau 6). Un score de 6 ou
plus sur l'échelle pédiatrique d'appendicite était un peu
moins utile qu'un score d'Alvarado de 7 ou plus dans la même cohorte de
patients (RV positif, 2,4 vs 3,8 respectivement). Les valeurs de
l'échelle pédiatrique inférieures au seuil étaient
un peu plus utiles que les scores d'Alvarado inférieurs au seuil (RV
négatif, 0,27 vs 0,40 respectivement). Deux études analysaient
des ensembles de patients pour créer de nouveaux systèmes de
cotation et des seconds ensembles destinés à tester ces
systèmes. Kharbanda et
coll.37 ont
créé 2 systèmes de cotation en utilisant un ensemble de
données chevauchant celles de
Schneider.63
Le premier attribuait 2 points chacun pour la nausée, la douleur
localisée dans la FID, et la sensibilité/douleur à la
décompression avec percussion, 1 point chacun pour la migration de la
douleur et la difficulté à la marche, et 6 points pour un nombre
absolu de neutrophiles supérieur à 6 750/µL. Sur un total de
14 points possibles, les enfants ayant un score de 5 ou moins n'étaient
pas susceptibles d'avoir une appendicite (RV, 0,10). La règle de
décision de la même étude identifiait les enfants comme
étant à faible risque si leur nombre absolu de neutrophiles
était de 6 750/µL ou moins, et s'ils ne présentaient pas de
nausées ou avaient des nausées sans présenter de
sensibilité maximale dans la FID. Les enfants identifiés comme
à faible risque par cette règle étaient également
très peu susceptibles d'avoir une appendicite (RV, 0,06). Lintula et
coll.48 ont développé un système de cotation impliquant
le sexe plus 8 signes et symptômes. Un score de 15 ou moins (sur 32)
réduisait significativement la probabilité d'appendicite (RV,
0,20); un score de 21 ou plus produisait l'effet inverse (RV, 12). Une
étude évaluait l'exactitude du score de Lindberg modifié,
qui incluait 10 variables cliniques et
biologiques.40
Dans cette étude d'enfants adressés en pédiatrie avec un
diagnostic clinique d'appendicite par les urgences, le score de Lindberg
modifié avait un RV positif de 7,6 et un RV négatif de 0,39.
Exactitude de l'observation clinique attribuée par rapport à l'imagerie abdominale
La littérature disponible ne traite pas complètement le
rôle de l'évaluation clinique dans l'identification des enfants
avec douleur abdominale, candidats à l'imagerie. Cependant, nous
pouvons faire certaines déductions quant à l'approche clinique
globale permettant d'identifier les patients les plus susceptibles d'avoir une
appendicite. Cette approche devrait aider à identifier les enfants
devant avoir une consultation chirurgicale immédiate pour une
appendicectomie potentielle, et ceux ayant des tableaux cliniques plus
équivoques d'appendicite potentielle, nécessitant des
investigations diagnostiques complémentaires, telles que
l'imagerie.
Cette approche clinique inclut toutes les données disponibles au
clinicien avant la prescription d'une imagerie (interrogatoire clinique,
examen physique, et tests biologiques de routine). Elle a été
utilisée dans un précédent article d'Examen clinique
rationnel pour définir le RV de l'observation clinique dans la
cholécystite de
l'adulte.64
Une récente méta-analyse d'études prospectives,
évaluant la tomodensitométrie et l'échographie chez des
adultes et des adolescents (âgés de 14 ans), a trouvé
une prévalence de l'appendicite de 45 % dans les examens en
tomodensitométrie et de 50 % dans les échographies.65 Les
patients de ces études avaient soit une appendicite suspectée,
soit une douleur abdominale avec des caractéristiques atypiques
d'appendicite. Les prévalences de l'appendicite dans les études
de cette méta-analyse étaient similaires à celle des
études de niveau 3 menées chez les enfants
(Tableau 1). Une seconde
méta-analyse sur la tomodensitométrie et l'échographie a
trouvé une prévalence d'appendicite de 31 % chez des enfants
(dans des études où l'âge maximum était < 20
ans) adressés pour
imagerie.66
La probabilité prétest d'appendicite étant de 10 %
chez les enfants reçus aux urgences pour des douleurs abdominales non
spécifiques,35
nous pouvons rétrospectivement attribuer un RV pour l'observation
clinique chez les patients adressés pour imagerie. Si la
prévalence de l'appendicite atteint 50 % chez les enfants
orientés pour imagerie, alors l'observation clinique a un RV positif de
9,0 pour l'appendicite; si la prévalence n'est que de 25 %,
l'observation clinique a un RV positif de 3,0, compte tenu de la
probabilité prétest de 10 %. Ces valeurs s'accordent avec le RV
positif du score d'Alvarado de 7 ou plus
(Tableau 5), et expliqueraient
pourquoi les cliniciens expérimentés se fient plus souvent
à l'observation clinique qu'aux systèmes de cotation
formels.
Comparaison avec les données chez l'adulte
La comparaison de la présente analyse chez les enfants avec le
précédent article d'Examen clinique rationnel sur l'appendicite
chez les adultes 16 produit des similarités et des différences
notables. La douleur abdominale dans la fosse iliaque droite, typiquement
identifiée comme un symptôme classique de l'appendicite,
était un facteur prédictif beaucoup plus fort chez les adultes
(RV, 7,3-8,5) que chez les enfants (RV résumé, 1,2). La
fièvre, l'anorexie, les nausées, et les vomissements
étaient tous de faibles facteurs pronostiques indépendants de
l'appendicite, tant chez les adultes que chez les enfants. La
sensibilité à la décompression et le signe du psoas
présentaient une performance similaire chez les enfants et les
adultes.
Limites de la littérature
La littérature publiée, décrivant la validité
des signes, des symptômes, et des tests biologiques de routine dans le
diagnostic de l'appendicite chez l'enfant, présente plusieurs limites.
Premièrement, la plupart des études incluant des données
sur des patients pédiatriques et adultes ne stratifient pas les
résultats en fonction de l'âge, rendant impossible
l'évaluation des données spécifiques aux enfants. Le
diagnostic différentiel des douleurs abdominales varie
substantiellement en fonction de l'âge du patient; les méthodes
de recherche devraient donc refléter cette variation. Même dans
les études portant exclusivement sur les enfants, la stratification sur
l'âge serait utile. Les douleurs abdominales chez l'enfant de 2 ans
peuvent suggérer une invagination intestinale, alors que ce diagnostic
serait inhabituel chez un adolescent de 14 ans. De même, la salpingite
aiguë peut faire partie du diagnostic différentiel chez une fille
de 16 ans, mais pas chez une enfant de 3 ans.
Le biais de vérification est une seconde limite de la
littérature que nous avons revue. Un biais de vérification est
introduit lorsque la technique diagnostique de référence n'est
appliquée qu'à un sous-groupe de la population initiale à
risque d'une maladie, et lorsque la probabilité d'appliquer la
technique de référence dépend du résultat du test
initial, d'autres variables cliniques, ou des
deux.67 En
général, le biais de vérification produit une
surestimation de la sensibilité et une sous-estimation de la
spécificité des tests diagnostiques. Les études
évaluant des séries sélectives d'enfants (niveau 3)
présentaient un biais de vérification, dans la mesure où
un grand nombre d'enfants, chez lesquels le diagnostic d'appendicite
était initialement envisagé, n'ont pas été inclus
dans l'analyse. Le biais de vérification constitue un problème
pour les cliniciens qui veulent extrapoler les données de patients
à risque plus élevé d'appendicite à tous les
enfants présentant des douleurs abdominales. En sous-estimant la
spécificité, le biais de vérification peut faire
apparaître les critères moins utiles dans l'identification des
enfants avec appendicite qu'ils ne le sont réellement. Ainsi, ceci
pourrait expliquer la différence précitée,
observée entre les adultes et les enfants dans la douleur de la FID.
À l'inverse, la sensibilité surestimée induite par le
biais de vérification peut faire apparaître des critères
cliniques plus utiles pour réduire la probabilité d'appendicite
qu'ils ne le sont réellement.
En plus d'inclure des populations de patients différentes, les
études de niveau 3 étaient également menées dans
des contextes différents, par des personnels différents, avec
différentes informations disponibles pour les cliniciens,
comparées à l'étude de niveau 1. Néanmoins, les
études de niveau 3 produisaient des résultats de
probabilité cliniquement similaires entre elles, et les estimations
à effets aléatoires avec leur intervalle de confiance à
95 % permettent de définir leur utilité potentielle ou l'absence
d'utilité. La plupart des études de niveau 3 étaient
menées dans des contextes hospitaliers, le plus souvent chez des
enfants subissant une appendicectomie, et impliquaient une évaluation
chirurgicale après une suspicion d'appendicite établie par de
premiers médecins. Comme le biais de vérification, ces
différences dans les caractéristiques des études rendent
problématique l'extrapolation des données de niveau 3 aux
enfants des études de niveau 1 (c'est-à-dire ceux avec douleurs
abdominales non spécifiques).
La dernière limite de la littérature revue réside dans
le fait qu'une grande partie des données rapportées était
recueillie rétrospectivement. Les données rétrospectives
peuvent être moins fiables que les données prospectives, dans la
mesure où elles peuvent ne pas être recueillies ou
documentées de manière standardisée. En outre, les
données de l'interrogatoire ou de l'examen physique peuvent avoir
été recueillies ou documentées après l'obtention
d'autres résultats (examen radiologiques, par exemple), biaisant
potentiellement les conclusions. Les études dans lesquelles une liste
fixe de variables est recueillie prospectivement de manière
standardisée, avant la disponibilité d'autres données
cliniques, offrent les niveaux de preuve les plus fiables.
RÉSOLUTION DES CAS
Cas 1
L'histoire de ce garçon, son examen physique et ses analyses
biologiques sont fortement suggestifs d'une appendicite aiguë. Sa
probabilité prétest d'appendicite stratifiée sur
l'âge est d'environ 10 %. Dans ce contexte de douleur abdominale non
spécifique, la fièvre seule confère un risque
d'appendicite multiplié par 3,4 et une probabilité post-test de
27 %. Une consultation chirurgicale est nécessaire et, avec un score
d'Alvarado de 9 sur 10, la décision d'effectuer une appendicectomie
d'urgence s'impose.
Cas 2
Les signes et les symptômes présentés par cette
fillette suggèrent une appendicite potentielle, bien que plusieurs
autres diagnostics soient possibles. Sa probabilité prétest
stratifiée sur l'âge est de 9 %. Son score d'Alvarado est de 5
sur 10, ce qui, dans ce contexte d'appendicite potentielle après une
évaluation approfondie, réduit sa probabilité
d'appendicite (RV négatif, 0,09-0,31) et produit une probabilité
post-test de 1 % à 3 %. Le chirurgien consulté recommande une
observation et un suivi rapprochés en externe, par le médecin de
soins primaires; un traitement de présomption pour une infection
urinaire est prescrit.
CONCLUSION CLINIQUE
Malgré les limites méthodologiques de la littérature,
l'évaluation clinique des enfants présentant des douleurs
abdominales peut permettre d'identifier ceux nécessitant une
consultation chirurgicale immédiate pour une appendicectomie
potentielle, et ceux devant subir des investigations diagnostiques
complémentaires. Notre revue a identifié une seule étude
qui évaluait l'utilité des signes et des symptômes dans le
diagnostic d'appendicite, dans un échantillon non
sélectionné d'enfants se présentant aux urgences avec des
douleurs
abdominales.35
Ces données sont utiles pour les cliniciens qui examinent les enfants
avant d'obtenir des données biologiques, radiologiques ou
chirurgicales. Dans cette
étude,35
O'Shea et coll. ont identifié la fièvre comme le symptôme
isolé le plus utile (RV positif, 3,4; RV négatif, 0,32). Avec
une probabilité prétest d'appendicite de 10 %, l'absence de
fièvre réduisait la probabilité post-test à 3,4 %;
la présence de fièvre augmentait la probabilité post-test
à 27 %.
Les nombreuses études de niveau 3 identifiées dans cette
revue fournissent des données importantes pour une population d'enfants
avec douleurs abdominales plus étroitement définie: ceux ayant
un diagnostic d'appendicite suspecté. Ce groupe d'enfants est
généralement soumis à un examen plus approfondi pour une
appendicite potentielle, incluant soit une consultation chirurgicale
immédiate, soit des investigations complémentaires comme
l'imagerie diagnostique. Dans ce sous-groupe de patients, la
sensibilité à la décompression est presque aussi valable
que la fièvre dans la population non sélectionnée (RV
positif, 3,0; RV négatif, 0,28). Un taux de leucocytes normal (< 10
000/µL par exemple) réduit substantiellement la probabilité
d'appendicite (RV négatif, 0,22). Ces 2 variables peuvent être
utiles dans la prise de décision opposant l'intervention à
l'observation, particulièrement lorsque l'imagerie effectuée est
équivoque.
Les systèmes de cotation peuvent être utiles pour identifier
les enfants qui ne nécessitent pas d'évaluation
complémentaire, parmi ceux ayant initialement une suspicion
d'appendicite. Les enfants ayant un score d'Alvarado de moins de 5, par
exemple, ne sont pas susceptibles de présenter une appendicite (RV
négatif, 0,05), et les investigations complémentaires peuvent
leur être épargnées pour ce diagnostic. Le score
logistique de Kharbanda et
coll.37 est
presque aussi utile que le score d'Alvarado pour réduire la
probabilité d'appendicite lorsqu'il est négatif (RV
négatif, 0,10), et comporte 2 variables de moins. L'arbre
décisionnel de Kharbanda et coll. est encore plus efficace dans
l'identification d'un groupe à faible risque (RV négatif, 0,06);
il pourrait permettre d'exclure des investigations complémentaires chez
environ 1 enfant sur 5 avec une appendicite suspectée.
L'évaluation des combinaisons de critères est essentielle, dans
la mesure où il est impossible autrement de savoir si les
critères individuels sont indépendants. Tant le score d'Alvarado
que le score logistique de Kharbanda incluaient la sensibilité à
la décompression et une variable numération formule sanguine
(Alvarado: taux de leucocytes; Kharbanda: nombre absolu de neutrophiles), les
2 variables indépendantes les plus utiles, identifiées dans les
études de niveau 3. Les autres variables communes à ces deux
systèmes de cotation incluent les nausées, la migration de la
douleur dans la FID, et la douleur/sensibilité localisée en FID,
dont aucune n'était particulièrement utile lorsqu'elle
était évaluée indépendamment.
Les limites à l'utilisation des systèmes de cotation dans la
pratique (c'est-à-dire hors contexte expérimental) sont
importantes, et incluent les contraintes de temps et les difficultés de
mise en œuvre ; ces obstacles favorisent les systèmes simples au
détriment des plus complexes. Dans notre revue, les systèmes de
cotation plus complexes ne présentaient pas de performance sensiblement
meilleure que les systèmes plus simples d'Alvarado ou de Kharbanda. De
nouvelles recherches pourraient donc viser à unifier ces 2
systèmes et à valider le produit obtenu dans de plus grands
groupes d'enfants non sélectionnés, avec des douleurs
abdominales. Si les cliniciens expérimentés peuvent ne pas
obtenir une meilleure performance diagnostique avec les systèmes de
cotation, les moins expérimentés peuvent utiliser ces outils
pour axer leur examen sur leurs critères indépendamment utiles.
En résumé, l'examen clinique joue un rôle clé dans
l'identification des enfants avec douleurs abdominales devant effectuer une
consultation chirurgicale immédiate pour une appendicectomie
potentielle, et de ceux nécessitant des examens diagnostiques
complémentaires, incluant l'imagerie diagnostique, l'observation
clinique, et la consultation chirurgicale. Les enfants ayant une faible
probabilité d'appendicite peuvent se voir épargnés les
frais et les risques liés à des bilans plus invasifs et plus
coûteux, et être renvoyés chez eux sans danger en
bénéficiant d'un suivi rapproché.
Cependant, particulièrement chez les jeunes enfants, pour lesquels
le diagnostic d'appendicite est difficile à établir, les
cliniciens continueront de recourir aux examens radiologiques et à
l'avis chirurgical pour évaluer une appendicite potentielle, dans la
mesure où l'examen clinique ne suffit pas à confirmer
formellement ce diagnostic. De futures études produisant des
données prospectives stratifiées sur l'âge, et portant sur
de grandes cohortes d'enfants avec des douleurs abdominales aiguës non
spécifiques, pourraient renforcer la valeur de l'examen clinique dans
l'identification des enfants avec une appendicite potentielle.
Informations sur les auteurs
Correspondance: David G. Bundy, MD, MPH, Department of Pediatrics,
Johns Hopkins University School of Medicine, CMSC 1-141, 600 N Wolfe St,
Baltimore, MD 21287
(dbundy3{at}jhmi.edu).
Voir aussi la page du patient.
FMC en ligne disponible sur
www.jama.com
Les rédacteurs de la section l'Examen Clinique Rationnel:
David L. Simel, MD, MHS, Durham Veterans Affairs Medical Center and Duke
University Medical Center, Durham, NC; Drummond Rennie, MD, Deputy Editor,
JAMA.
Contributions des auteurs: Le Dr Bundy a eu un accès complet
à toutes les données de l'étude et accepte la
responsabilité de l'intégrité des données et de
l'exactitude de l'analyse des données.
Conception et schéma de l'étude: Bundy, Byerley,
Liles, Perrin.
Recueil des données: Bundy, Byerley, Liles.
Analyse et interprétation des données: Bundy,
Byerley, Liles, Katznelson, Rice.
Rédaction du manuscrit: Bundy, Byerley, Perrin,
Katznelson.
Revue critique du manuscrit: Bundy, Byerley, Liles, Perrin, Rice.
Analyse statistique: Bundy, Liles.
Obtention du financement: Bundy.
Aide administrative, technique ou matérielle: Bundy,
Byerley, Liles, Perrin.
Supervision de l'étude: Bundy, Rice.
Liens financiers: Aucun déclaré.
Financement/Soutien: Le Dr Bundy a bénéficié du
soutien partiel du Robert Wood Johnson Clinical Scholars Program. Le Dr Perrin
a bénéficié du soutien du National Institutes of Health
K23 career development award (grant 1K23HD051817-01A1).
Rôle du sponsor: Les sources de financement n'ont joué
aucun rôle dans le schéma et la conduite de l'étude, dans
le recueil, l'analyse et l'interprétation des données, ni dans
la préparation, la revue ou l'approbation du manuscrit.
Autres Contributions: Nous remercions James Wagner, MD, University
of Texas Southwestern, Dallas, et Ashley Shreves, MD, St Luke's Roosevelt
Hospital, New York, New York, pour leurs commentaires avisés sur une
première version de cet article. David L. Simel, MD, MHS, Duke
University, Durham, North Carolina, nous a aidés pour l'addition
statistique des données. Aucune des personnes remerciées ici n'a
reçu de compensation financière pour cette aide.
Affiliations des auteurs: Department of Pediatrics, Johns Hopkins
University, Baltimore, Maryland; Departments of Pediatrics and Medicine,
University of North Carolina at Chapel Hill; and Department of Surgery, Duke
University Medical Center, Durham, North Carolina.
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JAMA. 2007;298:369.
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