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Test génétique au sein de diverses populationsLes chercheurs font-ils assez pour faire passer le bon message?
Dezheng Huo, MD, PhD;
Olufunmilayo I. Olopade, MD
Plus de 10 ans après que BRCA1 et BRCA2 aient été
découverts en tant que gènes majeurs de susceptibilité au
cancer du sein, la communauté médicale commence juste à
avoir un aperçu de la façon dont les mutations des
lignées germinales de ces gènes peuvent se distribuer parmi les
populations des minorités raciales et ethniques des Etats-Unis. Alors
que des preuves croissantes mettent en évidence que les
bénéfices des mesures de prévention ont un risque minime
pour les femmes ayant des mutations identifiables BRCA1 et BRCA2, les services
de dépistage génétique restent encore mal utilisés
par les femmes des minorités. Dans ce numéro du JAMA, John et
collaborateurs1
apportent des informations sur la prévalence des mutations
pathogéniques BRCA1 dans une étude de population dans 5 groupes
raciaux/ethniques aux Etats-Unis, en Caroline du Nord. La prévalence
était particulièrement élevée chez les jeunes
afro-américaines, un groupe depuis longtemps considéré
comme ayant un fardeau disproportionné de cancer agressif à
début précoce.
Alors qu'on estime que plus de 200 000 femmes ont un diagnostic de cancer
du sein et que plus de 40 000 décès par cancer surviennent
annuellement,2 une
nouvelle emphase doit être mise sur la prévention pour
contrôler le cancer du sein. Les femmes ayant des mutations des
lignées germinales des gènes BRCA1 et BRCA2 font face à
une augmentation considérable du risque des cancers du sein et de
l'ovaire. La décision de poursuivre le dépistage
génétique de BRCA1 et BRCA2, avec son coût associé,
dépend de deux préalables: des méthodes valides de
détection des mutations pour le dépistage et des
stratégies efficaces de prévention du cancer chez les porteurs
de la mutation. En ce qui concerne le premier préalable, la
spécificité du dépistage génétique des
mutations BRCA est considérée comme étant de 100% et la
sensibilité de
85%,3 bien que des
études récentes aient montré que l'analyse des
réarrangements génomiques, qui n'était pas
réalisée aux Etats-Unis jusqu'en 2006, peut augmenter
significativement la
sensibilité.4,5
Pour le deuxième préalable, les porteurs de la mutation ont
maintenant la possibilité de choisir parmi un spectre de
stratégies de prévention basé sur les preuves
médicales, dont la surveillance rapprochée du cancer du sein par
imagerie par résonance
magnétique,6–8
la
chimio-prévention,9
la mastectomie prophylactique pour réduire le
risque,10 et la
salpingoovariectomie.11–14
Pour quelles raisons les femmes ne se voient pas proposer de conseils
génétiques et un dépistage dans un programme approfondi
d'évaluation du risque? Les patientes des minorités ont-elles
moins de probabilité d'accepter les conseils génétiques
ou existe-t-il des obstacles pour que les médecins proposent le
dépistage aux femmes des minorités? Une récente
étude castémoins a trouvé que les femmes
afro-américaines ont 78% moins de probabilité d'utiliser les
conseils génétiques et le dépistage
génétique du BRCA que les femmes
blanches.15,16
Les données sur le dépistage du BRCA des Myriad Genetics
Laboratories ont montré que moins de 10% des personnes
dépistées venaient des populations minoritaires, telles que les
latino-américaines, les afroaméricaines, les américaines
d'origine asiatique et les natives
américaines.17
Compte tenu que la plupart des publications sur le dépistage
génétique se sont centrées sur les femmes d'origine
Ashkénazes et les blanches non latino-américaines, on peut
penser que les praticiens ne sont pas certains de l'utilité clinique du
dépistage du BRCA chez les populations minoritaires américaines.
Pour compliquer le problème, la plupart des outils disponibles
d'évaluation du risque ont été développés
à l'aide de données empiriques recueillies principalement au
sein de populations blanches non
latino-américaines.17–20
Leur applicabilité au sein d'autres populations est incertaine.
D'autres modèles ont été développés sur la
base des principes mendéliens et du théorème de
Bayes.21,22
Parmi ceux-ci, le modèle BRCAPRO a été largement
utilisé dans le contexte du conseil génétique, et son
efficacité a été principalement évalué dans
les populations
blanches.3,23–25
Toutefois, en tant que paramètre essentiel du modèle BRCAPRO, la
prévalence des porteuses de la mutation n'est disponible que pour les
populations Ashkénazes et les blanches non
latino-américaines.
L'étude de John et
al1 apporte des
informations nouvelles et importantes qui peuvent être utilisées
pour affiner les outils disponibles d'évaluation du risque. Comme il
est peu pratique d'examiner directement la prévalence de la mutation
à l'aide d'un échantillonnage simple aléatoire dans la
population générale, les auteurs ont utilisé un habile
schéma: un échantillon stratifié à deux
étapes de patientes atteintes d'un cancer du sein de moins de 65 ans
dans une population du registre Greater Bay Area Cancer. Au cours de la
première étape, une courte interview téléphonique
était réalisée auprès de toutes les patientes. En
fonction des antécédents familiaux de cancer et de l'âge
au moment du diagnostic, les patientes étaient divisée en deux
catégories. La catégorie A incluaient les femmes dont les
cancers étaient probablement héréditaires, et la
catégorie B incluait celles dont les cancers étaient
probablement sporadiques. L'échantillon des patientes de la
catégorie A était supérieur pour le dépistage de
la mutation BRCA1 au cours de la phase B. L'étude actuelle
diffère des études se basant sur les consultations en ce que le
pourcentage de patientes dont les cancers étaient probablement
héréditaires, était connu. En prenant pour facteur les
poids des échantillons, les auteurs ont estimé la
prévalence de la mutation BRCA1 être de 3.5%, 1.3%, 0.5%, 8.3%,
et 2.2% respectivement chez les latinoaméricaines, les
afro-américaines, les américaines d'origine asiatique, les
Ashkénazes, et les autres patientes blanches non
latino-américaines atteintes d'un cancer du sein.
Bien que l'étude de John et
al1 fournissent des
informations nécessaires sur la prévalence de la mutation BRCA1
au sein des populations minoritaires des Etats-Unis, les données
doivent être interprétées avec prudence. Bien que les
patientes atteintes de cancer du sein aient été choisies de
façon aléatoire pour bénéficier du
dépistage BRCA1, la procédure pour sélectionner les
femmes pour passer ce test n'était pas randomisée. Seules 57%
des patientes éligibles de la catégorie A et 50% des patientes
éligibles de la catégorie B ont eu le dépistage BRCA1.
Par ailleurs, ces pourcentages variaient selon les groupes raciaux/ethniques,
les américaines d'origine asiatique ayant le pourcentage le plus faible
pour le dépistage (43% dans la catégorie A). Bien que les
patientes éligibles dépistées et celles non
dépistées aient eu un âge similaire au moment du
diagnostic, on ne sait pas si le profil familial était similaire. Ceci
soulève la question de savoir si la variation selon les ethnies de la
prévalence des porteuses de la mutation est aussi importante que
décrite. Par exemple, une étude de
population26 a
documenté une prévalence de 1.1% chez les patientes chinoises
ayant un cancer du sein, ce qui est supérieur aux 0.5% rapportés
dans l'étude actuelle. Deux études menées en Chine et
à Singapour ont trouvé que les prévalences des porteuses
de la mutation BRCA1 étaient entre 5% et 9% chez les patientes ayant un
cancer à début
précoce,27,28
ce qui est aussi supérieur aux 2.4% rapportés dans
l'étude actuelle pour le groupe de moins de 35 ans.
John et al1 ont
posé les bonnes bases de départ pour rétrécir le
fossé des connaissances caractérisant le gène BRCA1. Des
études ultérieures sont nécessaires pour estimer la
prévalence de BRCA2 au sein des populations minoritaires de même
que pour étudier la pénétrance à la fois de BRCA1
et BRCA2 au sein de diverses populations. Le risque relatif et la
pénétrance (risque absolu de développer un cancer chez
les porteuses de la mutation) au sein des minorités sont
supposés être les mêmes que ceux provenant de façon
prédominante chez les Ashkénazes et les blanches non
latino-américaines. Toutefois, les facteurs génétiques et
environnementaux modifient le risque des porteuses de la mutation, et la
prévalence de ces facteurs modificateurs peut varier selon les
populations. Des études de recherche sont nécessaires pour
évaluer les facteurs liés à l'acceptation du
dépistage génétique au sein des populations minoritaires
et pour identifier les obstacles au conseil génétique et au soin
préventif en général. Il est aussi important de concevoir
et d'évaluer des interventions pour améliorer l'acceptation du
dépistage génétique dans les populations mal desservies,
de façon à ce que le dépistage génétique
puisse atteindre son plein potentiel en tant qu'outil de contrôle et de
prévention efficaces du cancer.
Comme l'ont documenté John et
al,1 plus de la
moitié des porteuses de la mutation BRCA1 serait détectée
chez les patientes ayant un cancer du sein dont les cancers seraient
probablement héréditaires sur la base de l'âge au moment
du diagnostic et des antécédents familiaux. Les
différences de prévalence de la mutation BRCA1 au sein des
populations doivent être utilisées pour calculer de façon
plus précise la probabilité avant le dépistage d'avoir
une mutation, plutôt que comme preuve contre le dépistage au sein
des populations minoritaires. Alors qu'il y a eu un grand débat sur le
rôle de la race/ethnie dans la recherche médicale, les praticiens
intéressés dans l'administration d'une évaluation
personnalisée du risque de cancer doivent comprendre les contributions
des mutations BRCA1 et BRCA2 au sein de populations diverses, car les facteurs
potentiels modificateurs particuliers à la race/ethnie, aux
antécédents familiaux, et au pays d'origine ancestrale des
patientes ainsi que les facteurs environnementaux peuvent agir de concert pour
influencer les paramètres.
Informations sur les auteurs
| | Correspondance: Olufunmilayo I. Olopade, MD, Center for Clinical Cancer
Genetics, Department of Medicine, University of Chicago, 5841 S Maryland Ave,
MC 2115, Chicago, IL 60637
(folopade{at}medicine.bsd.uchicago.edu).
Liens financiers: Aucun déclaré.
Voir aussi p
28692869.
Affiliation des auteurs: Department of Medicine, University of
Chicago, Chicago, Illinois.
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ARTICLES EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:2829.
Texte Complet
Prévalence des porteuses de mutations pathogéniques BRCA1 dans 5 groupes raciaux/ethniques aux États-Unis
Esther M. John, Alexander Miron, Gail Gong, Amanda I. Phipps, Anna Felberg, Frederick P. Li, Dee W. West, et Alice S. Whittemore
JAMA. 2007;298:2869-2877.
Résumé
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