Contexte Chez les patients présentant une douleur et une
tuméfaction articulaires aiguës, la rapidité du diagnostic
et du traitement, en cas d'arthrite septique, peuvent substantiellement
réduire la morbidité et la mortalité.
Objectif Analyser l'exactitude et la précision de
l'évaluation clinique dans le diagnostic de l'arthrite
bactérienne non gonococcique.
Sources de données Recherches structurées sur PubMed
et EMBASE (de 1966 à janvier 2007), limitées aux études
chez l'homme de langue anglaise, à l'aide des termes MeSH suivants:
arthrite, infectieux, examen physique, interrogatoire, tests diagnostiques, et
sensibilité et spécificité.
Sélection des études Les études étaient
incluses si elles contenaient des données initiales sur l'exactitude ou
la précision des items de l'interrogatoire, de l'examen physique, ou
des données biologiques du sérum ou du liquide synovial, pour le
diagnostic d'arthrite septique.
Extraction des données Trois auteurs ont extrait
indépendamment les données des études incluses.
Synthèse des données Quatorze études incluant 6
242 patients, dont 653 répondaient aux critères de
référence pour le diagnostic d'arthrite septique, remplissaient
tous les critères d'inclusion. Deux études ont analysé
les facteurs de risque et conclu que l'âge, le diabète
sucré, la polyarthrite rhumatoïde, la chirurgie articulaire, la
prothèse de hanche ou du genou, l'infection cutanée, et
l'infection à VIH-1 (virus de l'immunodéficience humaine de type
1), augmentaient significativement la probabilité d'arthrite septique.
La douleur articulaire (sensibilité, 85 %; intervalle de confiance [IC]
à 95 %, 78 %-90 %), une histoire de tuméfaction articulaire
(sensibilité, 78 %; IC 95 %, 71 %-85 %), et la fièvre
(sensibilité, 57 %; IC 95 %, 52 %-62 %), étaient les seuls
facteurs observés chez plus de 50 % des patients. Les sueurs
(sensibilité, 27 %; IC 95 %, 20 %-34 %) et les frissons
(sensibilité, 19 %; IC 95 %, 15 %-24 %) sont des signes moins
fréquents dans l'arthrite septique. Sur l'ensemble des résultats
biologiques facilement accessibles au clinicien, les 2 plus puissants
étaient le nombre de leucocytes et le pourcentage de
polynucléaires dans le liquide synovial obtenu par
arthrocentèse. Le rapport de vraisemblance (RV) global augmentait
parallèlement à l'accroissement du nombre de leucocytes dans le
liquide synovial (leucocytes < 25 000/µL: RV, 0,32; IC 95 %, 0,23-0,43;
leucocytes? 25 000/µL: RV, 2,9; IC 95 %, 2,5-3,4; leucocytes > 50
000/µL: RV, 7,7; IC 95 %, 5,7-11,0; et leucocytes > 100 000/µL: RV,
28,0; IC 95 %, 12,0-66,0). Sur le même prélèvement de
liquide synovial, un taux de polynucléaires d'au moins 90 %
suggérait une arthrite septique avec un RV de 3,4 (IC 95 %, 2,8-4,2),
tandis qu'un taux de polynucléaires de moins de 90 % réduisait
cette probabilité (RV, 0,34; IC 95 %, 0,25-0,47).
Conclusions Les résultats cliniques permettent d'identifier
les patients avec arthrite mono-articulaire périphérique
susceptibles de présenter une arthrite septique. Cependant, la
détermination du nombre de leucocytes et du pourcentage de
polynucléaires dans le liquide synovial, prélevé par
arthrocentèse, est nécessaire pour évaluer la
probabilité d'arthrite septique avant que les résultats de la
coloration de Gram et de la mise en culture soient connus.
JAMA.
2007;297:1478-1488