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Jean Gavaudan, MD

Degas est reconnu aujourd'hui comme l'un des grands impressionnistes au côté des ses amis, Renoir et Manet. Mais, atteint d'une forme sévère de rétinopathie, son œuvre s'en est trouvée profondément modifiée, au point où son ami Renoir considérait que si Degas était mort à 50 ans, on l'aurait classé comme un peintre honnête, mais pas comme un grand peintre. Renoir était sans doute sévère, lui qui disait aussi (voir éditorial sur Monet) que Monet n'était « qu'un œil, mais quel œil. » On s'aperçoit que les petites phrases échangées entre amis n'étaient pas toujours des plus aimables.

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Revenons à Degas, un livre est paru sur ses problèmes de vision, livre publié par l'ophtalmologiste américain Michael F. Marmor que nous conseillons à tous de lire, un article lui a été consacré en Décembre 2006, toujours de M.F Marmor, dans les Archives of Ophtalmology (Arch Ophthalmol. 2006;124:1764-1769), Marmor qui, en utilisant un logiciel courant de retouches d'images, reproduit les troubles visuels de Monet et de Degas.

Enfin, une équipe de la Tulane University de la Nouvelle-Orléans, où Degas avait séjourné, lui a consacré un article dans Ophthalmic Genet. (Karcioglu ZA. Did edgar degas have an inherited retinal degeneration? Ophthalmic Genet. 2007 Apr-Jun; 28(2):51-5.)

Né en 1834, Degas a ressenti relativement précocement dans sa vie les troubles visuels qui allaient le handicaper, notamment au niveau de l'œil droit et qui allaient lui faire perdre une grande partie de la sensibilité aux contrastes et de son acuité visuelle. Certains ont parlé de rétinopathie héréditaire, d'autant que sa cousine germaine, Estelle Musson souffrait des mêmes symptômes, et de dégénérescence maculaire qui expliquerait le scotome central de son œil droit.

Sa cousine, Estelle Musson, allait devenir aveugle à l'âge de 30 ans, soit à peu près le même âge auquel les troubles visuels de Degas allaient commencer. La pénétrance héréditaire était peut-être différente entre ces deux cousins, ce qui peut expliquer la différence de début des symptômes et leur évolution, car, si tous deux ont vécu relativement fort vieux pour cette époque, ils ont tous deux été fortement handicapés. Cette atteinte oculaire allait altérer profondément la peinture de Degas, et certains critiques ont fait du peintre Degas handicapé un grand peintre impressionniste à la limite de l'abstraction sans réellement s'attarder sur ses problèmes visuels.

Dans le tableau présenté, les danseuses peintes par Degas, n'ont plus la même grâce que les peintures d'autrefois, les contours sont esquissés, la palette des couleurs a diminué, les visages sont à peine visibles. Cette évolution qui se retrouve dans la majeure partie de l'œuvre de Degas après l'installation de ses troubles visuels, allait le pousser à pratiquer l'aquarelle de préférence à l'huile et la sculpture plus facile par son toucher à appréhender. Degas, continuera à travailler, en dépit de son handicap, portant des lunettes ou des lentilles plus ou moins adaptées qui le gêneront plus qu'elles ne l'auront aidé, voire des systèmes filtrant la lumière du jour qu'il ne pouvait plus supporter.

Ce handicap nous a laissé de fort belles œuvres, Degas ne pouvait imaginer à son époque que sa renommée allait devoir autant à ses peintures impressionnistes et à la limite de l'abstraction qu'à ses œuvres de jeunesse, où la précision du contour, du dessin et la variété des couleurs étaient à l'opposé de ses œuvres tardives.