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Vol. 298 No. 23, 19 décembre
2007 |
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Tables Rondes du Johns Hopkins Bayview Medical Center |
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PAGES DU PRATICIEN
L'ablation par cathéter endocavitaire dans le traitement des arythmies supraventriculaires
Joseph E. Marine, MD
RÉSUMÉ
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Les arythmies supraventriculaires incluent un vaste spectre de troubles
incluant, par ordre décroissant de fréquence, la fibrillation
auriculaire, le flutter auriculaire, la réentrée nodale
auriculo-ventriculaire, le syndrome de Wolff-Parkinson-White, et la
tachycardie auriculaire. Bien que n'engageant pas le pronostic vital dans la
plupart des cas, ces troubles peuvent générer des
symptômes importants tels que palpitations, gêne thoracique,
difficultés respiratoires, anxiété, et syncopes, qui
altèrent significativement la qualité de vie. Le traitement
médical a une efficacité variable et ne permet pas la
suppression des symptômes chez la plupart des patients. Les
études des dernières décennies ont
révélé des mécanismes fondamentaux
impliqués dans le déclenchement et l'entretien de toutes ces
arythmies. La connaissance de ces mécanismes a ouvert la voie à
des traitements par cathéter et par voie chirurgicale hautement
efficaces. La fibrillation auriculaire reste un défi
thérapeutique, mais cède également aux recherches et aux
essais thérapeutiques. Les arythmies supraventriculaires et leurs
traitements sont décrits dans ce rapport.
JAMA.
2007;298(23):2768-2778
PRESENTATION DU CAS
DR MARINE: Globalement, vous avez toujours été très
active et en bonne santé. Quand avez-vous remarqué pour la
première fois que vous aviez un problème cardiaque?
Mme R.: C'était à peu près en 2000. Je suis née
en 1935, je vous laisse faire le calcul. Cela a commencé avec des
petites anomalies, des sortes de palpitations. Au début, cela ne m'a
pas vraiment beaucoup inquiétée; mais les crises sont vite
devenues plus longues et plus gênantes. J'avais de plus en plus
d'arythmies et j'en désespérais. Les symptômes pendant les
palpitations ont progressé au point que je manquais presque de perdre
connaissance; j'avais aussi une sensation d'étouffement pendant ces
crises. DR MARINE: À quelle fréquence cela se produisait-il?
Mme R.: C'était hebdomadaire au début, et puis c'est devenu
presque quotidien. C'en est arrivé au point où je tombais et
où j'avais peur de me lever. C'est à ce moment-là que les
médecins ont commencé à me donner différents
médicaments. Pendant quelques temps ils ont eu tendance à agir,
puis les effets se sont dissipés. Les arythmies sont devenues
très fortes; elles commençaient presque tous les jours vers 16
heures et duraient des heures. À cette époque, mes palpitations
faisaient battre mon coeur si fort et si vite; vous savez, c'était
comme dans les dessins animés où on voit le coeur sortir de la
poitrine. C'était comme cela. La première fois que c'est
arrivé, j'ai appelé une ambulance. La deuxième fois, je
me suis rendue en voiture à la caserne de pompiers la plus proche. La
quatrième fois, je n'ai même pas pu conduire jusqu'à
l'hôpital. J'étais toujours au bord du malaise pendant toute
cette période. Quand j'allais me coucher, il m'arrivait parfois de me
demander si je me réveillerais.
DR MARINE: Quand nous nous sommes rencontrés, Mme R. avait 69 ans et
était en très bonne santé en dehors de ses palpitations
paroxystiques. Au cours d'une de ses visites aux urgences, elle avait eu un
électrocardiogramme (ECG) 12 dérivations
(Figure 1), qui avait
révélé une fibrillation auriculaire à
réponse ventriculaire rapide. Elle avait effectué de multiples
visites aux urgences et de consultations chez le médecin, comme elle
l'a expliqué.
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Figure 1.. Présentation de l'électrocardiogramme 12 dérivations
de Mme R.
Électrocardiogramme 12 dérivations effectué au cours
d'une visite aux urgences pour un épisode de palpitations
sévères, montrant une fibrillation auriculaire à
réponse ventriculaire rapide.
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Son examen physique ne révélait rien de particulier, et elle
semblait en très bonne santé. Son bilan incluait un
échocardiogramme montrant un coeur structurellement normal. Elle
suivait un traitement anticoagulant par warfarine, et avait commencé le
diltiazem et la digoxine en stratégie initiale de contrôle du
rythme cardiaque. Elle avait été traitée avec
succès par propafénone et amiodarone, avant d'être en
échec thérapeutique après environ 6 mois dans chaque cas.
Lorsqu'elle est venue me voir, elle était sous warfarine et
métoprolol, et souffrait des symptômes débilitants qu'elle
a décrits.
Mme R. a subi une ablation par cathéter pour le traitement de la
fibrillation auriculaire et a obtenu un soulagement de ses symptômes
pendant plusieurs mois avant de présenter des récidives. Elle a
subi une deuxième procédure, au cours de laquelle plusieurs
veines pulmonaires ont dû être à nouveau isolées.
Après cette deuxième intervention, elle n'a pas eu de
fibrillation auriculaire documentée pendant 18 mois. La surveillance
Holter et l'enregistrement des événements cardiaques ont
démontré des battements prématurés isolés,
sans récidive de fibrillation auriculaire.
DISCUSSION
Dans cet article, je présenterai une brève synthèse
des arythmies supraventriculaires (ENCADRÉ 1) et de leurs traitements,
puis j'examinerai le traitement de la fibrillation auriculaire en particulier.
Les arythmies supraventriculaires peuvent générer divers
symptômes incluant des palpitations, une sensation d'étouffement,
une douleur ou une pression thoracique, une dyspnée, et une grande
fatigue. Certains patients peuvent être complètement
asymptomatiques, même avec des fréquences ventriculaires rapides,
tandis que d'autres ont des arythmies invalidantes. Bien que les arythmies
supraventriculaires puissent causer des symptômes graves comme la
syncope et l'insuffisance cardiaque congestive, elles mettent rarement en jeu
le pronostic vital immédiat. Cependant, elles peuvent induire une
morbidité sévère, avec notamment des syncopes pouvant
entraîner des lésions physiques significatives. Le diagnostic est
posé au mieux avec un ECG 12 dérivations effectué au
cours d'un épisode d'arythmie. La surveillance Holter et
l'enregistrement des événements cardiaques sont utiles pour
poser le diagnostic chez un patient présentant des symptômes
épisodiques.
Encadré 1. Types communs d'arythmies supraventriculaires
Tachycardie supraventriculaire paroxystique classique
Tachycardie par réentrée auriculo-ventriculaire
Tachycardie par réentrée nodale auriculo-ventriculaire
Tachycardie auriculaire focale
Flutter auriculaire
Fibrillation auriculaire
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Syndrome de Wolff-Parkinson-White et tachycardie par réentrée auriculo-ventriculaire
Le syndrome de Wolff-Parkinson-White (WPW) a été
décrit pour la première fois en 1930, à Boston et
à Londres, par les 3 médecins éponymes.1 Il se
caractérise par un faisceau anormal de fibres myocardiques,
appelé voie accessoire ou faisceau de Kent, qui assure une connexion
électrique fonctionnelle entre l'oreillette et le ventricule, à
distance du noeud auriculo-ventriculaire (AV). Les voies accessoires ont
été décrites dans presque toutes les régions des
valvules tricuspide et
mitrale.2 Dans le
syndrome de WPW, l'anomalie de l'ECG est liée à une fusion de
l'activation ventriculaire provenant de 2 sources, la voie accessoire (onde
delta) et le système de His-Purkinje. La taille et la morphologie de
l'onde delta et du complexe QRS dépendent de la localisation de la voie
accessoire, de la vitesse de conduction relative à travers cette voie
par comparaison à la voie de conduction AV normale, et de la
présence ou l'absence de troubles de conduction intrinsèques.
Chez certains patients, la voie accessoire peut retarder la conduction
antérograde (de l'oreillette au ventricule), et être ainsi
associée à un ECG normal.
La tachycardie la plus fréquemment associée au WPW est la
tachycardie par réentrée AV. Cette arythmie se produit
lorsqu'une extrasystole bloquée dans la voie accessoire descend vers le
ventricule par le noeud AV, remonte par la voie accessoire, puis redescend par
le noeud AV, dans ce que l'on appelle le mouvement circulaire ou circuit de
réentrée. Lorsque l'influx descend par le noeud AV et remonte
par la voie accessoire, la tachycardie est appelée orthodromique et est
associée à un QRS normal et à l'absence d'onde delta
pendant l'arythmie. Moins fréquemment, ce type de circuit de
réentrée peut s'effectuer de façon rétrograde par
le noeud AV et de façon antérograde par la voie accessoire (sens
antidromique), produisant un rythme à complexe large évoquant
une tachycardie
ventriculaire.3
Le syndrome de Wolff-Parkinson-White peut être létal en cas de
fibrillation auriculaire, survenant spontanément ou à la suite
d'une tachycardie par réentrée AV
prolongée.4
Avec la perte de l'effet tampon normal du noeud AV, les patients peuvent
atteindre des fréquences ventriculaires de plus de 250/min, qui
entraînent une dégénérescence en fibrillation
ventriculaire et la mort. Ce risque se situe entre 1 sur 200 patients WPW et 1
sur 1 000. L'âge jeune, la multiplicité des voies accessoires,
ainsi que la conduction rapide et la récupération
(observés à l'exploration électrophysiologique invasive)
confèrent un risque
majoré.5,6
Le traitement du syndrome WPW peut consister dans un premier temps en
médicaments bloquant le noeud AV, bien qu'avec certaines
réserves en cas d'antécédent de fibrillation auriculaire.
Pour le traitement antiarythmique, les bloqueurs des canaux sodiques de type
Ic comme la flécaïnide sont privilégiés, dans la
mesure où ils ralentissent efficacement, voire suppriment, la
conduction dans les faisceaux accessoires, et ralentissent la conduction
à travers le noeud AV. Ces agents ne sont efficaces et sans danger que
chez les patients ayant un coeur structurellement normal. Le traitement
médical ne présente qu'une efficacité moyenne dans la
suppression des symptômes; en outre, aucune donnée ne
démontre qu'il réduit le risque de mort subite.
Compte tenu de l'efficacité limitée du traitement
médicamenteux, certains chirurgiens cardiaques ont tenté de
localiser peropératoirement les voies accessoires, puis de les isoler
chirurgicalement. La première procédure chirurgicale
réussie a été rapportée en
1968.7 Peu de temps
après, des électrophysiologistes ont commencé à
rechercher des moyens d'obtenir des résultats similaires en utilisant
des méthodes de cathétérisme minimalement invasives. En
1982, Scheinman et
coll.8 ont
décrit la mise en place d'un cathéter à électrodes
au voisinage du noeud AV, chez un patient avec fibrillation auriculaire et
réponse ventriculaire rapide réfractaire. Le cathéter
était connecté à un défibrillateur externe, et un
courant DC était utilisé pour provoquer la destruction (ou
l'« ablation ») du tissu cardiaque à proximité
immédiate du cathéter. Cette technique a rapidement
été appliquée à l'ablation d'autres arythmies,
incluant le syndrome de WPW, mais son utilité était
limitée par des complications liées aux barotraumatismes et aux
lésions collatérales des structures cardiaques adjacentes.
L'utilisation de l'énergie de radiofréquence pour l'ablation
cardiaque a été introduite à la fin des années
1980 et a rapidement acquis une suprématie dans ce domaine, en raison
de sa capacité à créer une lésion
contrôlée sur tous les sites à portée des sondes de
cathéter sans risque de barotraumatisme, et à réduire
significativement le risque de lésions
collatérales.9
Après la mise en place de la sonde de cathéter sur le tissu
cardiaque, l'application du courant de radiofréquence
génère, dans les 10 à 30 secondes, une zone circulaire de
3 à 5 mm de nécrose cardiaque localisée, principalement
sous l'effet du réchauffement local des
tissus.10
L'efficacité de cette procédure a été
démontrée dans l'ablation curative du syndrome de WPW, et elle
est devenue le traitement de première intention de
référence pour la quasitotalité des patients
symptomatiques, au début des années
1990.11,12
L'ablation par cathéter dans le syndrome de WPW et dans la plupart
des autres arythmies supraventriculaires peut désormais être
réalisée en ambulatoire, avec des délais de
procédure de 2 à 4 heures, selon la localisation de la voie
surnuméraire. Dans une étude multicentrique sur l'ablation par
cathéter dans la tachycardie supraventriculaire, une série de
500 patients présentant des voies accessoires a obtenu un taux de
réussite de 93 %, avec un taux de complications majeures de 3
%.13 Le registre de
la NASPE (North American Society of Pacing and Electrophysiology) sur les
ablations par cathéter effectuées dans 68 centres
américains a également trouvé un taux de succès
élevé de 93 % pour l'ablation de la voie
accessoire.14
Compte tenu de ces résultats et de la morbidité potentielle de
l'arythmie, l'ablation par cathéter dans le traitement du syndrome de
WPW symptomatique et de la tachycardie par réentrée AV est
devenue la méthode de
référence.14,15
En revanche, le traitement des individus asymptomatiques avec une
préexcitation sur l'ECG est
controversé.6,16
Tachycardie par réentrée nodale auriculo-ventriculaire
La tachycardie par réentrée nodale auriculo-ventriculaire est
la cause la plus fréquente de présentation avec une tachycardie
régulière à complexes fins. Les patients
présentant une tachycardie par réentrée nodale AV sont
généralement plus âgés (âge moyen, 44 ans) et
le plus souvent de sexe féminin (70 %), à la différence
de ceux avec syndrome de WPW (âge moyen, 27 ans; 40 % de sexe
féminin).13
La présentation de la tachycardie par réentrée nodale AV
est par ailleurs similaire à celle du syndrome de WPW, à
l'exception de l'absence de risque majoré de mort subite.
Les signes caractéristiques de l'ECG 12 dérivations incluent
une tachycardie régulière à complexes fins, avec une
fréquence variant typiquement entre 140/min et 220/min. Les ondes P
sont soit entièrement masquées par le complexe QRS, donc
invisibles, soit apparentes dans la partie terminale du complexe QRS,
produisant des déformations caractéristiques, appelées
« pseudo-onde R » en V1 et « pseudo-onde S » dans les
dérivations
inférieures.17
Le mécanisme électrophysiologique d'une tachycardie par
réentrée nodale AV n'est pas complètement compris, mais
le modèle dominant implique un circuit de réentrée
largement ou complètement contenu dans le complexe nodal AV. Dans ce
modèle, les patients avec tachycardie par réentrée nodale
AV présentent une voie « rapide » ou « lente »,
et l'arythmie résulte typiquement d'une conduction empruntant la voie
lente dans le sens antérograde et la voie rapide dans le sens
rétrograde, avec une conduction quasi simultanée de la
remontée vers les oreillettes et de la descente vers les
ventricules.18
L'arythmie peut souvent être interrompue par des manoeuvres vagales
(Valsalva ou pression sur le sinus carotidien), et dans presque tous les cas
par injection intraveineuse d'adénosine ou de vérapamil. Le
traitement médical à long terme inclut les β-bloquants ou
les inhibiteurs calciques par voie orale (vérapamil et diltiazem). Ces
médicaments agissent en allongeant la période réfractaire
du noeud auriculo-ventriculaire et sont généralement bien
tolérés. Cependant, ils ne contribuent
généralement pas à la suppression des symptômes et
doivent être administrés à vie.
Le traitement par ablation de la réentrée nodale AV a
débuté par des méthodes chirurgicales, mais a
été grevé par des taux élevés de bloc AV
complet et par l'induction d'une dépendance au stimulateur cardiaque
iatrogène. Les techniques par cathéter de radiofréquence
ciblant la voie rapide dans le noeud AV ont permis de réduire les taux
de bloc AV à un seuil de 5 % à 8 %. La technique actuellement
utilisée, ciblant la voie lente, produit un bloc AV chez seulement 0,5
% à 1,0 % des
patients.19 Le
cathéter d'ablation est introduit par une veine fémorale dans
l'oreillette droite, où la sonde est placée contre le septum
interauriculaire antérieurement à l'orifice du sinus coronaire.
Après application du courant de radiofréquence pendant 1
à 2 minutes, induisant généralement un rythme jonctionnel
transitoire, les patients sont soumis à un protocole de stimulation
électrique rigoureux, sans puis avec de l'isoprotérénol
ou de l'atropine, pour vérifier l'élimination de la tachycardie.
Cette procédure réussit chez 97 % des patients, avec un taux de
récidive à long terme de 5
%.13,14
En cas de récidive, les patients peuvent subir sans risque une seconde
procédure d'ablation, avec des taux d'efficacité à long
terme similaires.
En raison des complications rares mais graves du bloc AV, des recherches
sont toujours en cours sur des techniques d'ablation alternatives pour le
traitement de cette arythmie. La cryo-ablation, qui consiste à
créer une lésion contrôlée en utilisant la
réfrigération au lieu du réchauffement, est
utilisée par les chirurgiens cardiaques depuis des décennies.
Récemment, des cathéters transveineux permettant le traitement
par cryo-ablation ont été approuvés par la Food and Drug
Administration; ils semblent présenter un risque inférieur de
bloc AV, bien qu'avec un taux inférieur de réussite à
court terme et un risque supérieur de récidive d'arythmie
à long
terme.20
Tachycardie auriculaire
La tachycardie auriculaire est une arythmie focale pouvant provenir de
n'importe quel site de l'oreillette droite ou gauche. Cette arythmie est moins
fréquente que le syndrome de WPW et la tachycardie par
réentrée nodale AV, et plus fréquemment associée
à d'autres maladies cardiovasculaires chez l'adulte. À l'ECG 12
dérivations, le rythme ressemble souvent à une tachycardie
sinusale, à l'exception de différences dans la morphologie et
l'axe de l'onde P par rapport au rythme
sinusal.21 La
présentation, les symptômes et le traitement sont similaires
à ceux de la tachycardie par réentrée nodale AV, à
l'exception d'une réponse inférieure aux manoeuvres vagales et
à l'adénosine. Dans une étude de 229 patients avec
tachycardie supraventriculaire, l'adénosine supprimait ou interrompait
45 % des tachycardies auriculaires, et 100 % des tachycardies par
réentrée AV et des tachycardies réentrantes nodales
AV.22
Encadré 2. Facteurs impliqués dans l'initiation et le
maintien de la fibrillation auriculaire
Hypertrophie auriculaire
Fibrose auriculaire
Altération de l'innervation autonome des oreillettes
Altération des propriétés des canaux ioniques («
remodelage électrique ») Facteurs déclenchants
Tachycardie supraventriculaire paroxystique
Flutter auriculaire
Dépolarisations auriculaires prématurées et
tachycardie auriculaire focale provenant des veines pulmonaires
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Le traitement médical de la tachycardie auriculaire débute
généralement par des β-bloquants, le vérapamil ou le
diltiazem. La digoxine n'est pas efficace et peut exacerber l'arythmie en
raison de sa capacité à augmenter l'automatisme. Les patients
qui restent symptomatiques malgré le traitement par β-bloquant ou
par inhibiteur calcique se voient généralement proposer des
options de traitement antiarythmique de classe I ou III (comme la
flécaïnide ou le sotalol, qui suppriment l'automatisme) ou
l'ablation par cathéter.
Le traitement d'ablation par cathéter dans la tachycardie
auriculaire a été favorisé par le développement
récent de systèmes de cartographie sophistiqués visant
à localiser le site d'origine de l'arythmie en laboratoire
d'électrophysiologie.23
Des données électriques et anatomiques sont acquises par le
cathéter d'ablation placé dans l'oreillette pendant 10 à
20 minutes, puis sont intégrées de manière
informatisée pour produire une image cardiaque tridimensionnelle. Une
fois la carte d'activation créée pour un patient avec
tachycardie auriculaire focale, la cible de l'ablation apparaît
immédiatement sous forme de région codée en rouge,
représentant une activation précoce. Après positionnement
du cathéter d'ablation sur le site cible, l'application du courant de
radiofréquence entraîne généralement l'interruption
de la tachycardie et le retour du rythme sinusal. L'oreillette est ensuite
stimulée par un entraînement électrosystolique rapide,
puis avec de l'isoprotérénol, pour vérifier la
non-inductibilité de la tachycardie.
Flutter auriculaire
Le flutter auriculaire a été décrit
précisément pour la première fois en 1920 par Lewis et
coll.24 Bien que
cette arythmie ait été communément regroupée avec
la fibrillation auriculaire, des études menées dans les
années 1980 et au début des années 1990 ont
démontré des différences dans leurs mécanismes
électrophysiologiques. Le flutter auriculaire typique est causé
par un mécanisme de macro-réentrée autour de l'anneau
tricuspidien.25 La
prise en charge initiale du flutter auriculaire consiste souvent à
contrôler la fréquence avec des β-bloquants, du
vérapamil, du diltiazem ou de la digoxine, en association avec un
traitement anticoagulant.
L'ablation chirurgicale du flutter auriculaire par création de
lésions dans la partie médiane basse de l'oreillette droite,
à proximité du sinus coronaire, a été
rapportée pour la première fois en 1986, et l'ablation par
cathéter a été utilisée quelques années
plus
tard.26,27
Les premières applications de cette intervention ont été
bridées par un taux élevé de récidives
d'arythmies; cependant, une avancée majeure a été
réalisée en 1995, lorsqu'une étude a rapporté
l'importance de créer un bloc de conduction complet dans l'isthme
cavo-tricuspidien (entre la valvule tricuspide et la veine cave
inférieure).28
La technique d'ablation actuelle consiste à introduire un
cathéter par la veine cave inférieure, placer la sonde sur le
bord inférieur de l'anneau tricuspidien, et appliquer le courant de
radiofréquence tout en tirant lentement la sonde de cathéter
vers la veine cave inférieure. L'opérateur effectue ensuite une
stimulation électrosystolique de chaque côté de la ligne
d'ablations, pour déterminer si la conduction sur la ligne est
possible. Si c'est le cas, des lésions supplémentaires sont
créées pour combler tout trou de conduction dans la ligne. Cette
technique présente un taux de succès de 92 %, avec un taux de
récidive de 3 % et un taux de complications de 1
%.29,30
La principale limite de l'ablation du flutter auriculaire réside dans
le développement tardif d'une fibrillation auriculaire chez environ 30
% des patients, qui est prédit par l'histoire d'insuffisance cardiaque,
de dysfonction ventriculaire gauche, et par les antécédents de
fibrillation
auriculaire.30
Fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire est l'arythmie soutenue la plus
fréquente. Elle représente une cause majeure d'AVC et a fait
l'objet de recherches intensives du côté des
électrophysiologistes au cours des 10 dernières années.
Bien que certains patients avec FA puissent être asymptomatiques,
nombreux -en particulier ceux avec FA paroxystique-sont ceux qui
présentent des palpitations, des malaises, des dyspnées, et une
diminution des capacités physiques.
L'incidence et la prévalence de la fibrillation auriculaire
augmentent significativement avec l'âge, atteignant une
prévalence d'environ 10 % chez les patients de plus de 80
ans.31 Les
estimations de prévalence totale de la fibrillation auriculaire aux
États-Unis en 2000 variaient de 2,3 millions à 5,1 millions de
personnes, et les prévisions pour 2050 atteignent 15
millions.32,33
Les données de la Framingham Heart Study suggèrent que le risque
sur la vie entière de développer une fibrillation auriculaire
est d'environ 1 personne sur 4, âgée de 40 ans ou
plus.34 En outre,
la présence de fibrillation auriculaire a été
associée à une espérance de vie plus courte dans des
études
épidémiologiques.35,36
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Figure 2.. Schéma de myocarde sur oreillette gauche et veines pulmonaires (VP)
et carte électro-anatomique représentative de l'oreillette
gauche d'un patient recevant un traitement ablatif réussi
A, Aspect commun des fibres myocardiques de la face
postérieure de l'oreillette gauche et des veines pulmonaires. Des
études anatomiques ont démontré que les fibres
myocardiques sur la face postérieure de l'oreillette gauche
s'étendent jusqu'à enceindre les troncs des veines pulmonaires
sous forme de manches
myocardiques.53
L'aspect et l'épaisseur des fibres myocardiques varient selon les
individus. Les manches myocardiques des veines pulmonaires s'étendent
de 6 mm à 14 mm depuis l'oreillette gauche et incluent un
mélange de fibres horizontales, verticales et
obliques.54
Cependant, la relation de ces caractéristiques anatomiques avec la
genèse des arythmies n'est pas connue. B, Carte
représentative de l'oreillette gauche (dans une vue postérieure
similaire) d'un patient recevant un traitement ablatif de la fibrillation
auriculaire. La création de la carte tridimensionnelle est basée
sur une tomodensitométrie ou imagerie par résonance
magnétique pré-acquise. Les lésions d'ablation entourant
les orifices des veines pulmonaires sont représentées par les
points rouges; chaque point représente environ 5 à 10 secondes
d'application de radiofréquence. Le critère de jugement
interventionnel est l'isolation électrique de chaque manche myocardique
de veine pulmonaire depuis le corps de l'oreillette gauche. Avec l'aimable
autorisation de Hugh Calkins, MD.
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Malgré des décennies d'études, les mécanismes
fondamentaux responsables de la fibrillation auriculaire chez l'homme restent
mal compris (Encadré 2). Depuis les années 1960, l'explication
dominante de la fibrillation auriculaire est l'hypothèse des
vaguelettes multiples, suggérant que les oreillettes doivent être
capables de soutenir 6 à 8 vaguelettes de réentrée
circulantes, dont la collision et la reformation constantes produisent une
activation auriculaire
chaotique.37,38
L'hypertrophie et la fibrose auriculaires, les modifications dans
l'innervation autonome, et les altérations dans les courants ioniques
semblent tous favoriser l'entretien de la fibrillation auriculaire chez les
patients susceptibles. Des études plus récentes ont
souligné le rôle de facteurs déclenchants de la
fibrillation auriculaire, qui pourraient inclure la tachycardie
supraventriculaire paroxystique, le flutter auriculaire, et la tachycardie
auriculaire naissant dans les veines pulmonaires.
L'étude AFFIRM (Atrial Fibrillation Follow-up Investigation of
Rhythm Management) a démontré que les tentatives de
contrôle de la fibrillation auriculaire par des traitements
antiarythmiques sont entravées par une faible efficacité et
l'absence d'amélioration dans la
survie.39
L'étude AFFIRM soutient donc le recours à un traitement
conservateur, avec des médicaments contrôlant la fréquence
et des anticoagulants, pour la majorité des patients plus
âgés ayant une fibrillation auriculaire minimalement
symptomatique.
Cependant, un nombre significatif de patients avec fibrillation
auriculaire, comme Mme R., présentent des symptômes très
invalidants qui peuvent ne pas répondre au traitement
médical.
Le traitement médical des patients avec fibrillation auriculaire est
abordé dans les recommandations pratiques exhaustives publiées
en 2006 par l'American College of Cardiology, l'American Heart Association, et
la European Society of
Cardiology.40 Chez
les patients désignés pour recevoir une stratégie de
contrôle de fréquence, les β-bloquants, les inhibiteurs
calciques non dihydropyridine, et la digoxine, seuls ou associés,
peuvent être utilisés. Les recommandations pratiques soutiennent
l'administration d'un traitement anticoagulant par warfarine pour les patients
ayant un score CHADS2 de 2 ou plus; les patients ayant un score CHADS2 de 1
peuvent être traités soit par aspirine soit par warfarine, en
fonction du contexte
clinique.41 Les
patients avec un score de 0 (fibrillation auriculaire « isolée
») peuvent généralement être traités par
aspirine; cependant, ceux qui reçoivent une cardioversion
nécessitent un traitement anticoagulant, indépendamment de leur
score CHADS2.
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Figure 3.. Ablation circonférentielle d'une veine pulmonaire (VP) par
cathéter de radiofréquence pour une fibrillation auriculaire
A, Présentation des repères anatomiques pertinents et
des positions des cathéters pour l'isolation électrique des
veines pulmonaires. Un cathéter multipolaire de diagnostic est
placé dans le sinus coronaire pour la stimulation et l'enregistrement
de l'oreillette gauche. Après mise en place de 2 gaines transseptales
sur le septum interauriculaire et une première ablation
circonférentielle autour des veines pulmonaires, un cathéter
circulaire de cartographie est placé sur l'orifice de la veine
pulmonaire supérieure droite (VPSD) pour fournir des informations
détaillées sur la localisation des connexions électriques
résiduelles entre la veine et l'oreillette gauche. Un cathéter
d'ablation est ensuite placé au site de l'activation électrique
la plus précoce le long du cathéter de cartographie, et le
courant de radiofréquence est appliqué. Cette séquence
(voir Figure 2B) est
répétée pour les 4 VP jusqu'à ce que
l'activité électrique des VP disparaisse ou soit
dissociée de l'activité auriculaire gauche (voir
Figure 4). B, Image
fluoroscopique par phlébographie de contraste, une première
étape procédurale dans laquelle un cathéter creux
d'injection est placé successivement dans chacune des veines
pulmonaires (ici, VPSD); un produit de contraste est injecté pour
mettre en évidence la taille et la forme des veines. Un cathéter
diagnostic supplémentaire est placé à l'apex
ventriculaire droit dans cette vue. C, Image fluoroscopique montrant la
technique d'isolation électrique de la VPSD guidée par un
cathéter circulaire de cartographie.
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Figure 4.. Dérivations de surface caractéristiques et
électrogrammes endocavitaires au cours d'une isolation
électrique de la veine pulmonaire
Les électrogrammes endocavitaires révèlent une
disparition brutale des potentiels veineux pulmonaires pendant l'application
du courant de radiofréquence (têtes de flèche). Les
nombres appariés se réfèrent aux bipôles (par ex.,
CCC 19,20) indiquant un enregistrement utilisant les 2 électrodes les
plus proches du cathéter circulaire de cartographie à 20
pôles. Cette disposition des bipôles donne une image circulaire
complète de l'activité électrique dans le tube de la
veine pulmonaire. CCC indique le cathéter circulaire de cartographie;
ABL p, bipôle proximal du cathéter d'ablation; ABL d,
bipôle distal du cathéter d'ablation; CS, cathéter
multipolaire diagnostique à électrodes dans le sinus
coronaire.
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Les patients qui requièrent une stratégie de contrôle
du rythme, en raison de symptômes de fibrillation auriculaire, doivent
initialement être évalués pour une cardioversion
électrique ou pharmacologique en cas de fibrillation auriculaire
persistante. Le choix du traitement antiarythmique est guidé par la
présence de comorbidités cardiaques et par la fonction
rénale/hépatique. Les patients avec une fibrillation auriculaire
« isolée » peuvent être traités par
flécaïnide, propafénone, ou sotalol. L'amiodarone ou le
dofétilide peuvent être utilisés chez les patients
présentant une coronaropathie ou une insuffisance cardiaque. Bien que
l'amiodarone ait été démontrée comme étant
la substance la plus efficace dans le maintien du rythme sinusal, divers
effets indésirables peuvent limiter son
utilisation.42-44
Le premier traitement invasif de la fibrillation auriculaire a
été l'ablation du noeud AV pour créer un bloc AV complet
permanent, suivie de l'implantation d'un stimulateur cardiaque permanent
(méthode d'« ablation et stimulation »). Cette
procédure est simple à réaliser et hautement efficace
dans le contrôle des
palpitations.45,46
Ses principaux inconvénients résident dans la dépendance
définitive au stimulateur qu'elle induit chez les patients, et dans son
incapacité à empêcher le maintien de la fibrillation
auriculaire. Les patients peuvent rester symptomatiques en raison de la
réduction du débit cardiaque, être exposés aux
mêmes risques de thrombo-embolie, et nécessiter un traitement
anticoagulant à vie.
Adoptant une nouvelle approche, Cox et
coll.47 ont
ambitieusement tenté d'éliminer la fibrillation auriculaire par
une technique chirurgicale basée sur l'hypothèse des vaguelettes
multiples. Ils sont parvenus à la déduction qu'après
segmentation des oreillettes en fragments suffisamment petits, aucune zone ne
pourrait soutenir les vaguelettes de fibrillation auriculaire, ce qui
favoriserait le retour en rythme sinusal. L'opération a
été testée dans des modèles animaux avant sa
première application chez l'homme en 1987. Elle a connu diverses
expérimentations successives, la dernière étant
l'intervention de Cox-Maze III, pour laquelle plusieurs centres ont
rapporté un maintien à long terme du rythme sinusal chez 75 %
à 95 % des
patients.48,49
En raison de la complexité de l'opération et des complications
potentielles de la chirurgie à coeur ouvert, cette technique n'est pas
réalisée en routine aujourd'hui, à moins que le patient
doive simultanément subir une intervention pour coronaropathie ou
cardiopathie valvulaire. Néanmoins, elle reste considérée
comme une méthode de choix dans le traitement interventionnel de la
fibrillation auriculaire.
Après le succès démontré de l'intervention de
Cox-Maze III, les électrophysiologistes ont voulu tenter de reproduire
l'opération avec une méthode par cathéter minimalement
invasive.50 Les
premières tentatives pour produire une « intervention de Maze par
cathéter » ont cependant été marquées par un
succès limité et des taux élevés de
complications.51
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Figure 5.. Rôle de l'ablation par cathéter dans le traitement des
arythmies supraventriculaires
Présentation d'une approche générale de l'ablation par
cathéter dans les arythmies supraventriculaires. Les classes de
recommandation (I, IIa, IIb, ou III) et les niveaux de preuve (A, B ou C) sont
basés sur des recommandations de pratique clinique de l'ACC/AHA/ESC
publiées.15,40
La recommandation de classe I indique que la procédure/traitement doit
être effectuée; classe IIa, il est raisonnable d'effectuer la
procédure/administrer le traitement; classe IIb, la
procédure/traitement peut être envisagée; et classe III,
la procédure/traitement ne doit pas être
effectuée/administré. Le niveau de preuve A indique que de
multiples (3-5) groupes de population à risque ont été
évaluées avec une cohérence générale en
termes d'orientation et d'ampleur d'effet; niveau B, un nombre limité
(2-3) de groupes de population à risques a été
évalué; et niveau C, un nombre très limité (1-2)
de groupes de population à risques a été
évalué. WPW indique Wolff-Parkinson-White; FA, fibrillation
auriculaire; TSV, tachycardie supraventriculaire; AV, auriculo-ventriculaire;
EP, électrophysiologie.
a Les autres marqueurs de risque incluent la réanimation
après arrêt cardiaque, la forme familiale du syndrome WPW, la
maladie d'Ebstein, la multiplicité des voies accessoires, et la
période a réfractaire courte de la voie accessoire (< 250
ms).15
bLe contrôle de fréquence indique un traitement
pharmacologique par β-bloquants, diltiazem, vérapamil, et/ou
digoxine, pour obtenir une fréquence ventriculaire acceptable au repos
et à
l'effort.40
cLes critères du bon candidat pour l'ablation par
cathéter de la fibrillation auriculaire incluent: âge jeune,
petite taille de l'oreillette gauche, cardiopathie structurelle bénigne
ou absente, FA paroxystique, durée plus courte de la FA persistante,
comorbidités légères ou
inexistantes.61
dAblation et stimulation indiquent l'implantation d'un
stimulateur cardiaque permanent et l'ablation par cathéter du noeud AV
pour obtenir un bloc AV, en stratégie de contrôle de
fréquence
permanent.40,45,46
eEnvisager l'ablation chirurgicale si le patient a une
indication séparée de chirurgie cardiaque, comme une
coronaropathie ou une cardiopathie valvulaire.
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Encadré 3. Facteurs associés à de meilleurs
résultats après ablation de la fibrillation auriculaire
Âge plus jeune
Taille inférieure de l'oreillette gauche
Cardiopathie structurelle bénigne ou absente
Fibrillation auriculaire paroxystique (plutôt que persistante)
Shorter duration of atrial fibrillation
Procédure effectuée dans un centre expérimenté
à volume d'activité élevé
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Une avancée dans ce domaine a été
réalisée en 1998, lorsque Haïssaguerre et
coll.52 ont
publié une étude concluant que 95 % des battements ectopiques
auriculaires initiant la fibrillation auriculaire paroxystique provenaient des
veines pulmonaires. Ils ont étudié un groupe hautement
sélectionné de 45 jeunes patients par ailleurs en bonne
santé, présentant des épisodes de fibrillation
auriculaire paroxystique très fréquents et plus de 1 000
contractions auriculaires prématurées quotidiennes sur
surveillance Holter. Après avoir démontré l'origine
veineuse pulmonaire des contractions auriculaires prématurées
par une méthode de cartographie invasive par cathéter, ils ont
procédé à l'ablation des contractions auriculaires
prématurées par radiofréquence, ce qui a
entraîné une suspension à court terme de la fibrillation
auriculaire chez la majorité des patients.
Cette publication a amené un certain nombre d'investigateurs
à s'interroger sur les raisons d'une telle
arythmogénicité des veines pulmonaires. Il est établi
depuis plusieurs décennies que les veines pulmonaires sont investies de
faisceaux de fibres auriculaires qui s'étendent de l'oreillette gauche
aux veines pulmonaires, reflétant probablement leur origine commune
dans le sinus venosus (FIGURE
2A).53,54
Bien que d'aucuns supposent une arythmogénicité dans la jonction
du muscle auriculaire et du tissu des veines pulmonaires, la raison en reste
indéterminée, en dépit de vastes
études.55 De
même, les raisons expliquant le développement de foyers
arythmogènes dans les veines pulmonaires chez certains individus,
à la différence de la majorité de la population, restent
inconnues.
Après les premiers rapports sur le traitement ablatif de la
fibrillation auriculaire ciblant les foyers de contraction auriculaire
prématurée des veines pulmonaires, il est apparu qu'un
pourcentage élevé de patients présentaient des
récidives dues au développement d'autres foyers dans les
mêmes veines pulmonaires ou dans des veines
différentes.56
Le traitement a évolué vers l'isolation électrique de la
totalité des 4 veines pulmonaires, guidée par un cathéter
circulaire à électrodes placé sur l'orifice de chaque
veine.57 Vers cette
époque, Pappone et
coll.58 ont
rapporté d'excellents résultats obtenus avec une technique par
cathéter unique, guidée par cartographie
électro-anatomique.
Les détails de cette technique peuvent varier quelque peu, mais la
plupart des centres universitaires d'électrophysiologie utilisent une
technique combinant l'ablation circonférentielle autour des veines
pulmonaires guidée par la cartographie électro-anatomique et la
démonstration de l'isolation électrique des veines
pulmonaires59,60
(FIGURE 3). Cette
procédure est généralement réservée aux
patients ayant une fibrillation auriculaire paroxystique ou persistante
associée à des symptômes significatifs, qui
présentent des arythmies récidivantes malgré
l'administration d'au moins 1 antiarythmique de classe I ou de classe
III.40,61
Les patients reçoivent de l'énoxaparine après
l'arrêt de la warfarine, puis effectuent une tomodensitométrie ou
une imagerie par résonance magnétique de l'oreillette gauche
avant l'intervention, suivie d'une échocardiographie transoesophagienne
pour exclure un thrombus auriculaire gauche.
Après mise en place des gaines et des cathéters dans les
veines fémorales, la tomodensitométrie ou l'IRM de l'oreillette
gauche est importée dans le système de cartographie cardiaque
pour guider l'ablation grâce à des détails anatomiques
précis62
(Figure 2B). Deux ponctions
transseptales sont effectuées, et l'ablation par radiofréquence
est réalisée sur une zone étendue autour des veines
pulmonaires droites et gauches, en utilisant la technique décrite par
Pappone et coll.58
Un cathéter circulaire de cartographie est ensuite introduit et
positionné dans chaque veine pulmonaire
(Figure 3C), et l'ablation
poursuivie en dehors de l'orifice de chaque veine jusqu'à ce qu'une
isolation électrique complète soit démontrée
(FIGURE 4).
Des résultats basés sur la méthode hybride
décrite ci-avant ont été rapportés
récemment dans une série de 64 patients (incluant Mme R.), qui
avaient subi la procédure avec un minimum d'un an de
suivi.63 Avec
l'utilisation de procédures répétées, 62 % des
patients étaient dépourvus de fibrillation auriculaire
symptomatique à 1 an sans recours à des traitements
antiarythmiques. Lorsque l'utilisation d'antiarythmiques
précédemment inefficaces était prise en compte, 71 % des
patients obtenaient un bon résultat.
Les taux de succès rapportés dans d'autres centres pour
l'ablation de la fibrillation auriculaire varient de 37 % à 95 %, et
diffèrent selon la technique utilisée, les
caractéristiques des patients, la durée et l'intensité du
suivi, et la définition de la réussite utilisée par les
investigateurs.60,64-67
Le taux de réussite global moyen combinant de multiples études
dans une revue récente était d'environ 70
%.60 Dans une
étude internationale sur l'ablation de la fibrillation auriculaire,
l'élimination de la fibrillation sans médicaments
antiarythmiques a été rapportée chez 4 550 sur 8 745
patients (52 %), et la réussite globale (incluant l'utilisation
d'antiarythmiques et de procédures répétées)
était de 75,9
%.64 Deux
études contrôlées randomisées comparant l'ablation
de la fibrillation auriculaire au traitement antiarythmique ont
été rapportées, toutes deux démontrant une
réduction significative de la fibrillation auriculaire dans le bras
recevant
l'ablation.68,69
Les facteurs associés à l'obtention de meilleurs
résultats après ablation de la fibrillation auriculaire sont
rapportés dans l'ENCADRÉ
3.61 Les patients
avec une fibrillation auriculaire paroxystique et un coeur structurellement
normal obtiennent les meilleurs taux de réussite, soit environ 70 %
avec une seule
procédure.61
Les risques significatifs de l'ablation de la fibrillation auriculaire
doivent être établis et abordés avec chaque patient se
voyant proposer la procédure. L'étude internationale sur
l'ablation de la fibrillation auriculaire rapportait un taux de 6 % de
complications majeures, ce qui est supérieur aux procédures
d'ablation par cathéter pour d'autres arythmies
supraventriculaires.64
Les risques de l'ablation par cathéter pour la fibrillation auriculaire
rapportés dans cette étude incluaient environ 1 % de risque
d'AVC, 1,3 % de risque de sténose des veines pulmonaires, 1,2 % de
risque de tamponnade péricardique, et 0,2 % de risque d'atteinte d'un
nerf
phrénique.64
D'autres séries de cas ont rapporté des taux supérieurs
de tamponnade péricardique (jusqu'à 3 %), de sténose des
veines pulmonaires (jusqu'à 3,4 %) et de thrombo-embolie
(jusqu'à 7
%).61,70,71
La fistule atriooesophagienne est généralement fatale en raison
de l'introduction d'air dans la circulation systémique et/ou de
septicémie, et survient dans environ 0,1 % à 0,2 % des
cas.61,72
L'AVC et la tamponnade péricardique peuvent également
entraîner le décès. La sténose des veines
pulmonaires, bien que diminuant en incidence, peut également provoquer
une atteinte pulmonaire significative et nécessiter une intervention
par cathéter ou par voie
chirurgicale.73 Les
complications liées aux accès vasculaires sont le
problème le plus fréquent, mais se résorbent
généralement avec un traitement conservateur.
Les études actuelles dans le domaine de l'ablation de la
fibrillation auriculaire sont axées sur l'amélioration de
l'efficacité à long terme et sur la réduction des
complications, en perfectionnant la technique par cathéter et en
introduisant de nouvelles technologies, comme la délivrance
d'énergie par cryothermie, laser ou ultrasons par des ballonnets
placés dans les orifices des veines pulmonaires. Une meilleure
compréhension des bénéfices et des effets
indésirables à long terme de la procédure d'ablation est
nécessaire. Dans la plupart des séries publiées, le suivi
était limité à 1 à 2 ans; nous ne savons donc pas
encore si l'ablation de la fibrillation auriculaire peut aboutir à
l'élimination définitive de l'arythmie. La
sécurité et l'efficacité à long terme de cette
procédure n'ont pas été bien établies. Enfin, les
investigateurs tentent de mieux cerner les différents types de
fibrillation auriculaire et d'établir un mode d'adaptation du
traitement à chaque patient. Une revue actualisée des techniques
d'ablation des fibrillations auriculaires et les futures orientations dans ce
domaine sont présentées dans la déclaration de consensus
publiée récemment par la Heart Rhythm
Society.61
CONCLUSION
Les arythmies supraventriculaires, bien que n'engageant que rarement le
pronostic vital, peuvent induire des symptômes significatifs qui
altèrent la qualité de vie. Des progrès
considérables ont été réalisés dans la
compréhension des mécanismes de ces arythmies au cours des
dernières décennies. Cette compréhension a conduit
à l'application de traitements interventionnels qui ciblent directement
la cause première, en éliminant une ou plusieurs voies critiques
responsables de la survenue des arythmies. Les chirurgiens réalisant
des opérations à cœur ouvert ont été
à l'avant-garde de ces interventions, et les
électrophysiologistes les ont suivi en reproduisant l'effet
thérapeutique obtenu au moyen de traitements par cathéter moins
invasifs. Le traitement curatif est aujourd'hui pratiqué en routine
pour la quasi-totalité des patients avec syndrome de WPW, tachycardie
par réentrée AV et tachycardie par réentrée nodale
AV, ainsi que pour la plupart des patients avec tachycardie et flutter
auriculaires; l'ablation par cathéter est ainsi devenue un traitement
de première intention dans ces arythmies, en particulier lorsqu'elles
sont associées à des symptômes sévères comme
la syncope. Une approche générale du traitement par ablation de
ces arythmies, essentiellement basée sur les recommandations de
l'ACC/AHA publiées en 2003, est présentée dans la
FIGURE
5.15
La fibrillation auriculaire reste un dernier mur à franchir pour les
électrophysiologistes; cependant, cette arythmie cède
également aux importants travaux de recherche et aux essais
thérapeutiques. La compréhension du rôle majeur des veines
pulmonaires et de la face postérieure de l'oreillette gauche a
directement conduit à la réalisation de procédures par
cathéter et par voie chirurgicale qui affranchissent une
majorité de patients de la fibrillation auriculaire. Bien qu'il puisse
être encore prématuré de parler de guérison de la
fibrillation auriculaire avec ces techniques, les rapports publiés avec
des suivis à moyen terme sont encourageants. En raison du risque
interventionnel supérieur et des taux de réussite
inférieurs à long terme de l'ablation de la fibrillation
auriculaire, cette procédure n'est pas encore recommandée en
traitement de première intention. Cependant, elle est devenue un
traitement établi de la fibrillation auriculaire dans les centres
expérimentés traitant des patients avec des symptômes
significatifs de ce trouble en échec thérapeutique. Une approche
générale du traitement par ablation dans la fibrillation
auriculaire, basée sur les recommandations de sociétés
savantes publiées en 2006 et 2007, est présentée dans la
Figure
5.40,61
Des défis considérables persistent dans ce domaine. Une
appréhension plus complète de la physiopathologie de la
fibrillation auriculaire sera notamment nécessaire pour mieux
identifier les objectifs d'intervention. Plusieurs questions subsistent: Quel
est le rôle de l'innervation autonome du noeud AV? Comment se
développe le substrat de la fibrillation auriculaire? Quels facteurs
expliquent la grande variabilité des symptômes potentiellement
présentée par des patients ayant une charge comparable de
fibrillation auriculaire? Comment rendre le traitement interventionnel de la
fibrillation auriculaire moins risqué et plus efficace? Les
réponses à ces questions et l'application des connaissances
acquises au traitement des patients avec fibrillation auriculaire absorberont
probablement les électrophysiologistes au cours des prochaines
années.
Informations sur les auteurs
Correspondance: Joseph E. Marine, MD, Johns Hopkins Bayview Medical
Center, 4940 Eastern Ave, A-1 E, Baltimore, MD 21224-2780
(jmarine2{at}jhmi.edu).
Rédacteurs de la section Tables Rondes du Johns Hopkins Bayview
Medical: Charles Weiner, MD, Stephen D. Sisson, MD, The Johns Hopkins
Hospital; Roy C. Ziegelstein, MD, The Johns Hopkins Bayview Medical Center et
The Johns Hopkins Hospital; Baltimore, Maryland; David S. Cooper, MD,
Rédacteur associé, JAMA.
Liens financiers: Aucun.
Autres Contributions: Je remercie le patient, qui a revu le
manuscrit, pour avoir donné sa permission pour inclure son histoire
dans cet article et aussi Roy Ziegelstein, MD, et Hugh Calkins, MD, Division
of Cardiology, Department of Medicine, Johns Hopkins University School of
Medicine, pour leur revue critique du manuscrit et leur suggestions. Les Drs
Ziegelstein et Calkins n'ont reçu aucune compensation pour leur
contribution.
Affiliation de l'auteur: Department of Medicine, Division of
Cardiology, Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore,
Maryland.
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ARTICLE EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:2711.
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