Contexte Depuis les dernières années de la
décennie 80, l'armée de la résistance du Seigneur est en
guerre contre l'armée démocratique du peuple ougandais et les
populations du nord de l'Ouganda. Mettre fin à ce conflit et parvenir
à la paix se sont révélées des tâches
difficiles. Dans ce contexte, il est important d'examiner les données
démographiques sur l'exposition aux crimes de guerre afin de comprendre
comment les survivants perçoivent les mécanismes visant à
parvenir à une paix durable.
Objectifs Évaluer le degré d'exposition à la
violence guerrière ainsi que la prévalence des symptômes
d'ESPT et de dépression dans le nord de l'Ouganda et déterminer
comment ces variables s'associent aux opinions des répondants
concernant la paix.
Schéma, sites et participants Enquête multiphase
à grappes et indicateurs stratifiés et randomisés portant
sur 2585 adultes âgés de 18 ans et plus vivant dans des villages
et des camps pour personnes intérieurement déplacées dans
4 districts du nord de l'Ouganda en avril et mai 2005.
Principaux résultats Taux et modèles d'exposition aux
traumatismes: Critères des symptômes d'ESPT évalués
via la version civile de la liste ESPT avec indice de
sévérité globale de 44. Symptômes de
dépression évalués via la liste de contrôle des
symptômes de dépression de John Hopkins avec indice minimal de
42. Les opinions et attitudes concernant la paix.
Résultats Parmi les répondants, 1774 sur 2389 (74,3 %)
répondent aux critères des symptômes d'ESPT et 1151 sur
2585 (44,5 %) répondent aux critères des symptômes de
dépression. On a distingué quatre modèles d'exposition
aux traumatismes: ceux qui ont été peu exposés (groupe 1;
21,4 %), les témoins des violences guerrières (groupe 2; 17,8
%), ceux qui ont été menacés de mort et/ou qui ont
été blessés corporellement (groupe 3; 16,4 %) et ceux qui
ont été enlevés (groupe 4; 44,3 %). La probabilité
d'afficher des symptômes d'état de stress post-traumatique (ESPT)
était plus grande chez les répondants des groupes 3 et 4 qui ont
été exposés aux événements les plus
traumatisants comparé au groupe 1 (groupe 3 contre groupe 1: RC de 7,04
[IC à 95 % de 5,02 à 9,87]; groupe 4 contre groupe 1: RC de 6,07
[IC à 95 % de 4,77 à 7,71]). La probabilité de
répondre aux critères des symptômes de dépression
était également plus grande dans les groupes 3 et 4 (groupe 3
contre groupe 1: RC de 5,76 [IC à 95 % de 4,34 à 7,65]; groupe 4
contre groupe 1: RC de 4,00 [IC à 95 % de 3,16 à 5,06]). La
probabilité d'identifier la violence pour parvenir à la paix est
plus élevée chez les répondants qui répondent aux
critères des symptômes d'ESPT (RC de 1,31 avec IC à 95 %
de 1,05 à 1,65). Chez les répondants qui répondent aux
critères des symptômes de dépression, la
probabilité d'identifier la non-violence pour parvenir à la paix
est moins élevée (RC de 0,77 avec IC à 95 % de 0,65
à 0,93).
Conclusions Notre étude a trouvé de hauts niveaux de
prévalence pour les symptômes d'ESPT et de dépression dans
une zone de conflit. Les répondants répondant aux
critères des symptômes d'ESPT et de dépression ont une
plus grande probabilité de favoriser des moyens violents plutôt
que non violents pour mettre fin au conflit.
JAMA.
2007;298(5):543-554