Contexte En dépit des études in vitro et in vivo
portant spécifiquement sur le poumon en faveur d'un rôle
chimio-préventif des phytoestrogènes, il existe peu
d'études épidémiologiques centrées sur la
consommation alimentaire en phytoestrogènes et le risque de cancer
pulmonaire.
Objectif Examiner la relation entre consommation alimentaire en
phytoestrogènes et le risque de cancer du poumon.
Schéma, environnement et participants Etude en cours aux
Etats-Unis, cas-témoins, sur 1 674 patients ayant un cancer du poumon
(cas) et 1 735 témoins appariés en bonne santé. Entre
juillet 1995 jusqu'à octobre 2003, les participants étaient
personnellement interrogés à l'aide de questionnaires
épidémiologiques et alimentaires pour recueillir des
informations démographiques et quantifier l'apport alimentaire de 12
phytoestrogènes différents.
Principal critère de jugement Risque de cancer du poumon,
estimé à l'aide d'analyses de régression logistique
multivariées non conditionnelles stratifiées en fonction du
sexe, du tabagisme et ajustées sur les facteurs de risque connus et
putatifs de cancer du poumon.
Résultats Les réductions du risque de cancer du poumon
tendaient à augmenter pour chaque augmentation par quartile de
consommation de phytoestrogènes. Les quartiles les plus
élevés de phytostérols totaux, d'isoflavones, de lignans,
et de phytoestrogènes étaient chacun associés à
des réductions du risque de cancer pulmonaire allant de 21 % pour les
phytostérols (rapport de cotes [OR], 0,79; intervalle de confiance
à 95 % [IC], 0,64-0,97; p = 0,03 pour la tendance) à 46
% pour les phytoestrogènes totaux provenant de source alimentaire
seulement (OR, 0,54; IC 95 %, 0,42-0.70; p < 0,001 pour la
tendance). Des effets selon le sexe étaient aussi apparents. Chez les
hommes, des tendances statistiquement significatives de diminution du risque
avec une augmentation de la consommation ont été notées
pour chaque groupe de phytoestrogènes, avec des effets protecteurs dans
le quartile le plus élevé allant de 24 % pour les
phytostérols (OR, 0,76; IC 95 %, 0,56-1,02; p = 0,04 pour la
tendance) à 44 % pour les isoflavones (OR, 0,56; IC 95 %, 0,41-0,76;
p < 0,001 pour la tendance), tandis que chez les femmes, des
tendances significatives étaient seulement présentes pour la
consommation de phytoestrogènes totaux provenant de sources
alimentaires seulement, avec un effet protecteur de 34 % (OR, 0,66; IC 95 %,
0,46-0,96; p = 0,01 pour la tendance) pour le quartile le plus
élevé. Les bénéfices apparents d'une consommation
élevée de phytoestrogènes ont été apparents
à la fois chez les fumeurs et non fumeurs mais moins apparents chez les
anciens fumeurs. Chez les femmes, des effets conjoints statistiquement
significatifs étaient évidents entre le traitement hormonal et
la consommation de phytoestrogènes. En particulier, une consommation
élevée des lignans entérolactone et entérodiol et
l'usage d'un traitement hormonal étaient associés à une
réduction de 50 % (OR, 0,50; IC 95 %, 0,31-0,68; p = 0,04 pour
l'interaction) du risque de cancer du poumon.
Conclusions Bien qu'il existe des limites et des inquiétudes
concernant les études cas-témoins en matière
d'alimentation et de cancer, ces données fournissent des
éléments supplémentaires en faveur de preuves
épidémiologiques limitées mais croissantes montrant que
les phytoestrogènes sont associés à une diminution du
risque de cancer du poumon. Une confirmation de ces observations est cependant
nécessaire par des études prospectives à large
échelle, reposant sur une hypothèse.
JAMA. 2005;294:1493-1504.