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UTILISATION À LONG TERME DE L'ASPIRINE ET DES ANTI-INFLAMMATOIRES NON STÉROÏDIENS ET RISQUE DE CANCER COLORECTAL
Andrew T. Chan, MD, MPH;
Edward L. Giovannucci, MD, ScD;
Jeffrey A. Meyerhardt, MD, MPH;
Eva S. Schernhammer, MD, DrPH;
Gary C. Curhan, MD, ScD;
Charles S. Fuchs, MD, MPH
RÉSUMÉ
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Contexte Les essais randomisés sur l'utilisation à
court terme d'aspirine dans la prévention de la récurrence de
l'adénome ont apporté la preuve indiscutable d'une relation
causale entre l'aspirine et les néoplasies colorectales. Toutefois, les
données sur le risque à long terme de cancer colorectal selon la
dose, le moment et la durée du traitement par aspirine et autres AINS
reste limitées.
Objectif Examiner l'influence de l'aspirine et des AINS dans la
prévention du cancer colorectal.
Schéma, environnement et participants Etude prospective de
cohorte comprenant 82911 femmes appartenant à la Nurses'Health
Study procurant des données sur l'usage de médicaments deux
fois par an depuis 1980 et suivies jusqu'au 1er juin 2000.
Principal critère de jugement Incidence du cancer
colorectal.
Résultats Pendant une période de 20 ans, nous avons
documenté 962 cas de cancer colorectal. Parmi les femmes qui
utilisaient régulièrement de l'aspirine ( 2 comprimés
standards [325 mg] par semaine), le risque relatif multivarié (RR) de
cancer colorectal a été de 0,77 (intervalle de confiance
à 95 % [IC], 0,67-0,88) par rapport aux utilisatrices non
régulières. Toutefois, la réduction significative du
risque n'était pas observée avant une utilisation de plus de 10
ans (p < 0,001 pour la tendance). Le bénéfice
semblait associé à la dose: comparées aux femmes qui ne
rapportaient aucun usage, les RR multivariés de cancer étaient
de 1,10 (IC 95 %, 0,92-1,31) chez les femmes utilisant 0,5 à 1,5
comprimé standards par semaine, 0,89 (IC 95 %, 0,73-1,10) pour 2
à 5 comprimés par semaine, 0,78 (IC 95 %, 0,62-0,97) pour 6
à 14 comprimés par semaine et 0,68 (IC 95 %, 0,49-0,95) pour
plus de 14 comprimés par semaine (p < 0,001 pour la
tendance). A noter que les femmes qui avaient utilisé plus de 14
comprimés par semaine pendant plus de 10 ans avaient un RR
multivarié de cancer de 0,47 (IC 95 % CI, 0,31-0,71). Une relation
similaire dose-réponse a été trouvée pour les AINS
(p = 0,007 pour la tendance). L'incidence des
événements rapportés à type d'hémorragie
gastro-intestinales majeures pour 1000 personnes-années semblait
être associée à la dose: 0,77 chez les femmes qui niaient
tout usage d'aspirine; 1,07 pour 0,5 à 1,5 comprimés par
semaine; 1,07 pour 2 à 5 comprimés par semaine; 1,40 pour 6
à 14 comprimés par semaine; et 1,57 pour plus de 14
comprimés par semaine.
Conclusions L'utilisation régulière à long
terme d'aspirine diminue le risque de cancer colorectal. Les AINS semblent
avoir un effet similaire. Toutefois, le bénéfice significatif de
l'aspirine n'est pas apparent avant un usage de 10 ans, la réduction
maximale du risque se situant à des doses supérieures à
14 comprimés par semaine. Ces résultats suggèrent qu'une
chimiothérapie optimale de prévention du risque colorectal
demande un usage à long terme de doses substantiellement plus
élevées que celles recommandées dans la prévention
des maladies cardio-vasculaires, mais le risque associé à la
dose d'hémorragie gastro-intestinale doit aussi être
envisagé.
JAMA. 2005;290:914-923.
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