Contexte L'enseignement traditionnel qui stipule que la tuberculose
pulmonaire caractérisée par des lymphadénopathies, des
effusions et des infiltrats pulmonaires des zones inférieures ou
moyennes du poumon à la radiographie correspond à une
"tuberculose primaire" d'une infection récemment acquise,
alors que les infiltrats et cavités du lobe supérieur
représentent une atteinte secondaire ou une réactivation d'une
maladie acquise dans un passé lointain, n'est pas basé sur des
preuves cliniques bien établies. Par ailleurs, on ne sait pas si la
radiographie typique commune dans la tuberculose associée au virus de
l'immunodéficience humaine est due à la
prépondérance d'une maladie progressive primaire ou à une
altération immunitaire.
Objectif Analyser la relation entre tuberculose récemment
acquise et tuberculose acquise dans le passé, les variables cliniques
et démographiques et les caractéristiques radiographiques
à l'aide d'une empreinte moléculaire et une analyse
épidémiologique conventionnelle.
Schéma, environnement et population Séries
rétrospectives, hospitalières sur 456 patients traités
dans un centre médical de New York entre 1990 et 1999. Les patients
éligibles devaient avoir au moins une culture respiratoire positive
à Mycobacterium tuberculosis et des données
radiographiques disponibles.
Principaux critères de jugement Aspect radiographiques
évalués par la présence ou l'absence de six
caractéristiques: infiltrat du lobe supérieur, lésion
cavitaire, adénopathie, effusions, infiltrat de la zone
inférieur ou moyenne du poumon et aspect de miliaire. Les radiographies
étaient considérées comme typiques si elles comportaient
un infiltrat du lobe supérieur ou une cavité
indépendamment de la présence ou non d'autres
caractéristiques. Les radiographies atypiques étaient celles qui
comportaient des adénopathies, effusion ou infiltrats de la zone
moyenne ou inférieure du poumon et n'avaient aucun des critères
ci-dessus.
Résultats Une infection par le virus de
l'immunodéficience humaine était plus souvent associée
à un aspect radiographique atypique à la radiographie pulmonaire
avec un odds ratio de 0,20 (intervalle de confiance à 95 %, 0,13-0,31).
Bien qu'une empreinte groupée, représentant une maladie
récemment acquise, ait été associée à une
radiographie typique dans l'analyse univariée (odds ratio, 0,68;
intervalle de confiance à 95 %, 0,47-0,99), l'association disparaissait
après ajustement sur le statut VIH.
Conclusions Le délai d'acquisition d'une infection avant le
développement d'une maladie clinique n'est pas parfaitement
prédictif de l'aspect radiographique de tuberculose. Le statut VIH, un
probable marqueur associé d'intégrité de la
réponse immunitaire de l'hôte, est le seul facteur
prédictif indépendant de l'aspect radiographique. La
modification radiographique de la tuberculose pulmonaire dans le VIH est due
à une altération immunitaire plutôt qu'à une
acquisition récente de l'infection et à la progression vers une
maladie active.
JAMA. 2005;293:2740-2745.