Contexte Une variation génétique de
l'apolipoprotéine E (APOE) est impliquée dans la
néphropathie diabétique, l'allèle å2 augmentant le
risque et l'allèle å4 le diminuant. Les associations
allèliques APOE aux pathologies rénales chroniques en dehors de
la néphropathie diabétique ne sont pas connues, aucune
étude n'ayant été rapporté au sein des populations
afro-américaines à risque élevé.
Objectif Quantifier le risque de progression des pathologies
rénales chroniques associées à APOE dans une étude
ayant pour base la population et incluant des blancs, des
afro-américains, des diabétiques et des non
diabétiques.
Schéma, environnemet et participants Suivi prospectif
(jusqu'au 1er janvier 2003) des participants de l'étude
Atherosclerosis Risk in Communities (ARIC), incluant 3859
afro-américains et 10661 adultes blancs, âgés de 45
à 64 ans sans dysfonctioni rénale sévère
initialement en 1987-1989, échantillon pris au sein de 4
communautés américaines.
Principaux critères de jugement Progression des nouveaux cas
de pathologies rénales chroniques, définie par une
hospitalisation ou un décès par maladie rénale ou une
augmentation du taux sérique de créatinine de 0,4 mg/dl (35
µmol/l) ou plus par rapport à l'état initial,
évaluée avec les génotypes et les allèles
APOE.
Résultats Au cours du suivi médian de 14 ans, une
progression des pathologies rénales chroniques a été
observée chez 1060 personnes (incidence pour 1000
personnes-années: 5,5 globalement; 8,8 chez les afro-américains
et 4,4 chez les blancs). Après ajustement sur les facteurs de risque de
pathologie rénale chronique, å2 augmentait le risque et å4
diminuait modérément le risque de progression de la pathologie
(test pour le rapport de probabilité, p = 0,03). Les autres
ajustements pour le LDL et le HDL cholestérol et les
triglycérides n'ont pas diminué les risques relatifs (RR)
(å2: 1,08 [IC 95 %, 0,93-1,25] et å4: 0,85 [IC 95 %, 0,75-0,95]
par rapport à å3; test pour le rapport de probabilité,
p = 0,008). å4 diminuait le risque d'insuffisance rénale
chronique (RR, 0,60 [IC 95 %, 0,43-0,84]). å2 était
associé à une diminution de la fonction rénale (RR, 1,25
[IC 95 %, 1,02-1,53]), bien que sans survenue d'événements,
comme les hospitalisations ou l'insuffisance rénale chronique. Les
risques ont été similaires après stratification selon la
race, le sexe, l'existence d'un diabète et d'une hypertension
artérielle (toutes les valeurs de p pour l'interaction >
0,05). L'excès de risque de maladie rénale chronique chez les
afro-américains n'est pas expliqué par les allèles de
APOE.
Conclusions Une variation d'APOE prédit la progression des
pathologies rénales chroniques, indépendamment du
diabète, de la race et des facteurs de risque non lipidique. Notre
étude suggère que des voies non médiées par les
lipides, comme les mécanismes de remodelage cellulaires du rein,
peuvent être impliquées dans une association avec les
allèles APOE et la progression de la maladie rénale
chronique.
JAMA. 2005;293:2892-2899.