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Effets de la mise systématique en décubitus ventral dans l'insuffisance respiratoire aiguë avec hypoxémieUn essai contrôlé randomisé
Claude Guerin, MD;
Sandrine Gaillard, MD;
Stephane Lemasson, MD;
Louis Ayzac, MD;
Raphaele Girard, MD;
Pascal Beuret, MD;
Bruno Palmier, MD;
Quoc Viet Le, MD;
Michel Sirodot, MD;
Sylvaine Rosselli, MD;
Vincent Cadiergue, MD;
Jean-Marie Sainty, MD;
Philippe Barbe, MD;
Emmanuel Combourieu, MD;
Daniel Debatty, MD;
Jean Rouffineau, MD;
Eric Ezingeard, MD;
Olivier Millet, MD;
Dominique Guelon, MD;
Luc Rodriguez, MD;
Olivier Martin, MD;
Anne Renault, MD;
Jean-Paul Sibille, MD;
Michel Kaidomar, MD
RÉSUMÉ
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Contexte Un essai récent a montré que la mise en
décubitus ventral des patients ayant une lésion pulmonaire
aiguë n'augmentait pas la survie; cependant on ne sait pas si ces
résultats s'appliquent à l'ensemble des patients ayant une
insuffisance respiratoire aiguë (IRA) avec hypoxémie.
Objectif Déterminer si la mise en décubitus ventral
améliore la survie chez les patients en IRA.
Plan expérimental, cadre et patients Essai
contrôlé, multicentrique, prospectif, sans insu, avec
randomisation masquée, effectué en France, dans 21 unités
de soins intensifs, entre le 14 décembre 1998 et le 31 décembre
2002, chez 791 patients ayant une IRA. Pour être inclus, les patients
devaient être âgés d'au moins18 ans, être stables sur
le plan hémodynamique, être sous ventilation mécanique et
intubés, avoir un rapport pression partielle en oxygène dans le
sang artériel (PaO2) sur fraction inspirée en
oxygène (FIO2) inférieur ou égale à 300
et n'avoir aucune contre-indication à la position de décubitus
ventral.
Interventions Les patients étaient affectés par
randomisation soit à la mise en position de décubitus ventral (n
= 413) - effectuée le plus tôt possible, durant au moins 8 heures
par jour, dans des lits standards - soit à la mise en position de
décubitus dorsal (n = 378).
Principaux critères de jugement Le critère de jugement
principal était la mortalité à 28 jours; les
critères secondaires étaient la mortalité à 90
jours, la durée de la ventilation mécanique, l'incidence de la
pneumonie associée à la ventilation assistée (PAV) et
l'oxygénation.
Résultats Au moment de la randomisation, les 2 groupes
étaient comparables. Le taux de mortalité à 28 jours a
été de 32,4 % dans le groupe décubitus ventral et de 31,5
% dans le groupe décubitus dorsal (risque relatif [RR]: 0,97;
intervalle de confiance [IC] à 95 %: 0,79-1,19; p = 0,77). La
mortalité à 90 jours a été de 43,3 % dans le
groupe décubitus ventral et de 42,2 % dans le groupe décubitus
dorsal (RR: 0,98; intervalle de confiance [IC] à 95 %: 0,84-1,13;
p = 0,74). La durée moyenne de la ventilation mécanique
a été de 13,7 (7,8) jours dans le groupe décubitus
ventral et de 14,1 (8,6) jours dans le groupe décubitus dorsal
(p = 0,93) et les incidences de la PAV ont été,
respectivement, de 1,66 et de 2,14 épisodes pour 100 patients-jours
d'intubation (p = 0,045). Le rapport PaO2/FIO2
a été significativement plus élevé dans le groupe
décubitus ventral durant les 28 jours de suivi. Cependant, les
incidences des escarres de décubitus, des intubations sélectives
et des obstructions de la sonde endotrachéale ont été
plus élevées dans le groupe décubitus ventral.
Conclusion Dans cet essai, la mise en décubitus ventral n'est
associée à aucun résultat bénéfique et elle
suscite des inquiétudes concernant sa sécurité d'emploi.
Chez les patients ayant une IRA avec hypoxémie, la mise en
décubitus ventral peut diminuer l'incidence de la PAV.
JAMA. 2004;292:2379-2387.
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