Contexte Le syndrome métabolique est considéré
comme la cible possible de traitements diététiques, le but
étant de réduire le risque de maladie cardio-vasculaire;
cependant, le rôle de l'alimentation dans l'étiologie du syndrome
métabolique est mal connu.
Objectif Evaluer les effets d'un régime de type
méditerranéen sur la fonction endothéliale et les
marqueurs de l'inflammation vasculaire chez des patients ayant un syndrome
métabolique.
Plan expérimental, cadre et participants Essai
randomisé en simple aveugle effectué entre juin 2001 et janvier
2004 dans un hôpital universitaire italien chez 180 patients (99 hommes
et 81 femmes) ayant un syndrome métabolique tel que défini par
l'Adult Treatment Panel III. Interventions Il a
été demandé aux patients du groupe expérimental (n
= 90) de suivre un régime de type méditerranéen; des
conseils détaillés leur ont été donnés sur
la façon d'augmenter leur consommation quotidienne de
céréales complètes, de fruits, de légumes, de noix
et d'huile d'olive. Les patients du groupe témoin (n = 90) devaient
suivre un régime "de prudence" (50 à 60 % d'hydrates
de carbone, 15 à 20 % de protéines, 30 % de matières
grasses).
Principaux critères de jugement Apports en nutriments; score
de fonction endothéliale défini à partir des
modifications de la pression sanguine et de l'agrégation plaquettaire
en réponse à l'injection de L-arginine; paramètres
lipidiques et glucidiques; sensibilité à l'insuline; taux
circulants de protéine C-réactive dosée par
méthode ultrasensible (CRP ultrasensible) et d'interleukines 6 (IL-6),
7 (IL-7), et 18 (IL-18).
Résultats Après 2 ans, les patients qui avaient suivi
le régime de type méditerranéen avaient consommé
plus d'aliments riches en graisses monoinsaturées, en graisses
polyinsaturées et en fibres, et le rapport de leurs apports en acides
gras oméga 6 sur ceux en acides gras oméga 3 était plus
bas. Les consommations de fruits, légumes et noix (274 g/jour), de
céréales complètes (103 g/jour) et d'huile d'olive (8
g/jour) étaient également significativement plus
élevés dans le groupe expérimental (p <
0,001). Le niveau d'activité physique avait augmenté dans les 2
groupes d'environ 60 %, sans différence entre les groupes (p =
0,22). Le poids moyen (écart type) avait baissé de façon
plus importante chez les patients du groupe expérimental (-4,0 [1,1]
kg) que chez ceux du groupe témoin (-1,2 [0,6] kg) (p <
0,001). Comparés aux patients qui avaient suivi le régime
témoin, ceux qui avaient suivi le régime expérimental
avaient des concentrations sériques significativement plus basses de
CRP ultrasensible (p = 0,01), d'IL-6 (p = 0,04), d'IL-7
(p = 0,04) et d'IL-18 (p = 0,03) et une moindre
résistance à l'insuline (p < 0,001). Le score de
fonction endothéliale s'était amélioré dans le
groupe expérimental (variation moyenne [écart type]: + 1,9
[0,6]; p < 0,001); il était resté stable dans le
groupe témoin (+ 0,2 [0,2]; p = 0,33). Après 2 ans de
suivi, 40 patients du groupe expérimental présentaient encore
des caractéristiques de syndrome métabolique, contre 78 dans le
groupe témoin (p < 0,001).
Conclusion Il est possible qu'un régime de type
méditerranéen soit efficace pour réduire la
prévalence du syndrome métabolique et le risque
cardio-vasculaire associé à ce syndrome.
JAMA. 2004;292:1440-1446.