Contexte Les traitements antidépresseurs et la
psychothérapie structurée ont démontré leur
efficacité, mais moins d'un tiers des personnes ayant des troubles
dépressifs bénéficie de l'un ou l'autre traitement
à un niveau réellement efficace.
Objectif Comparer les soins habituels primaires de la
dépression à l'aide de deux programmes d'intervention: prise en
charge par téléphone et prise en charge
téléphonique plus psychothérapie par
téléphone.
Schéma Essai randomisé et comparatif comprenant trois
groupes avec mise en aveugle de l'assignation et évaluation en aveugle
de l'évolution, mené entre novembre 2000 et mai 2002.
Environnement et participants Au total, 600 patients débutant
un traitement antidépresseur pour dépression étaient
systématiquement échantillonnés à partir de 7
consultations de soins primaires en groupe; les patients
bénéficiant déjà d'une psychothérapie
étaient exclus.
Interventions Soins primaires habituels; soins habituels plus
programme de prise en charge par téléphone incluant au moins
trois appels téléphoniques, retour vers le médecin
traitant et coordination des soins; soins habituels plus prise en charge
intégrée dans un programme téléphonique
structuré comprenant 8 sessions de psychothérapie cognitive et
comportementale.
Principaux critères de jugement Interviews en aveugle par
téléphone à 6 semaines, 3 mois et 6 mois permettant
d'évaluer la sévérité de la dépression
(Hopkins Symptom Checklist Depression Scale et Patient Health Questionnaire),
amélioration cotée par le patient et satisfaction
vis-à-vis du traitement. Données administratives
informatisées examinant l'utilisation des traitements
antidépresseurs et les consultations externes.
Résultats Les taux de participation au traitement ont
été de 97 % pour la prise en charge téléphonique
et de 93 % pour la prise en charge téléphonique plus
psychothérapie. Par rapport aux soins habituels, la
psychothérapie par téléphone a permis d'atteindre des
scores moyens plus bas de dépression à l'échelle
Hopkins Symptom Checklist Depression Scale (P = 0,02), un
pourcentage plus élevé de patients rapportant que leur
dépression s'était "beaucoup
améliorée" (80 % vs 55 %, P < 0,001) et un
pourcentage plus élevé de patients "très
satisfaits" du traitement de leur dépression (59 % vs 29 %,
P < 0,001). Le programme de prise en charge
téléphonique a eu de faibles effets sur l'amélioration
(66 % vs 55 %, P = 0,04) et la satisfaction cotées par le
patient (47% vs 29%, P=.001); les effets sur les scores moyens de
dépression n'ont pas été statistiquement
significatifs.
Conclusions Chez des patients de soins primaires débutant un
traitement antidépresseur, un programme téléphonique
intégrant une prise en charge et une psychothérapie cognitive et
comportementale peut améliorer significativement la satisfaction et le
pronostic clinique. Ces observations suggèrent un nouveau modèle
de santé publique pour la psychothérapie dans la
dépression incluant une assistance active et des efforts vigoureux pour
améliorer l'accès et la motivation par rapport au
traitement.
JAMA. 2004;292:935-942.