Contexte Bien que les cancers surviennent avec une fréquence
croissante chez les enfants ayant une infection par le virus de
l'immunodéficience humaine, les facteurs spécifiques cliniques,
immunologiques et viraux de malignité n'ont pas encore
été identifiés.
Objectif Indentifier les facteurs de risque de malignité chez
des enfants infectés par le VIH.
Schéma, environnement et patients Etude multicentrique
cas-témoins chez des enfants ayant une infection par le VIH dans 26
centres participant au Pediatric Oncology Group. Quarante-trois patientscas
ayant une maladie maligne récente et 74 patients témoins sans
affection maligne étaient appariés en fonction de la
durée de leur infection. Les patients étaient inclus entre
janvier 1992 et juillet 1998.
Critère principal de jugement Les facteurs cliniques et
biologiques évalués comme facteurs de risque potentiels
incluaient les caractéristiques démographiques, du VIH, les
traitements antirétroviraux précédents et le nombre de
CD4. Les infections covirales comme le virus Epstein-Barr (EBV), le
cytomégalovirus et le herpesvirus 6 humains étaient
recherchées par une réaction en chaîne semiquantitative
par polymérase (PCR) et une analyse sérologique.
Résultats Les diagnostics de maladie maligne incluaient 28
lymphomes non-Hodgkiniens, 4 leucémies aiguës lymphoblastiques
à cellule B, une maladie de Hodgkin, 8 léiomyosarcomes, 1
hépatoblastomes et 1 schwannome. Une charge virale du virus
Epstein-Barr supérieure à 50 copies/105 dans les cellules
sanguines monocytaires était fortement associée à un
risque de cancer, mais seulement chez les enfants ayant un nombre de CD4 d'au
moins 200/µl (odds ratio [OR]: 11,33; intervalle de confiance à 95 %
[IC]: 2,09-65,66, p < 0,001). Une charge virale
élevée EBV n'était pas associée aux cancers chez
les enfants ayant des CD4 inférieures à 200/µl (OR: 1,12; IC
95 %: 0,13-9,62; p = 0,99). Le traitement antirétroviral par
zidovudine ne conférait pas d'effet protecteur significatif que ce soit
pour un nombre élevé (OR: 0,81; IC 95 %: 0,22-3,09; p =
0,77) ou pour un nombre bas de CD4 (OR: 0,27; IC 95 %: 0,04-1,46; p =
0,16). La voie de l'infection par le VIH n'était pas associée
à une augmentation du risque de cancer.
Conclusions La voie d'infection, les caractéristiques
démographiques et l'utilisation de zidovudine ne sont pas
associées au développement d'affections malignes chez les
enfants infectés par le VIH. Une charge virale élevée du
virus EBV est associée au développement d'affections malignes
chez les enfants infectés par le VIH bien que cet effet soit
modifié en fonction du nombre de CD4. La pathogénèse des
affections malignes liées au VIH reste incertaine et d'autres facteurs
de risque y contribuant doivent être élucidés par d'autres
études.
JAMA. 2003 ; 289 : 2393-2399.