Contexte Les antibiotiques à large spectre sont
fréquemment prescrits, mais on sait peu de choses sur les
médecins qui les prescrivent et les patients qui les
reçoivent.
Objectif Identifier les facteurs associés à la
prescription des antibiotiques à large spectre par les médecins
soignant les patients souffrant d'infections du tractus respiratoire
supérieur sans atteinte pulmonaire.
Schéma et patients Il s'agissait d'une étude
transversale utilisant les données de la National Ambulatory Medical
Care Survey entre 1997 et 1999. Les informations étaient recueillies
sur un échantillon national de 1981 adultes ayant consulté un
médecin pour un rhume simple et pour des infections non
spécifiques du tractus respiratoire supérieur (24 %), pour
sinusite aiguë (24 %), bronchite aiguë (23 %), otite moyenne (5 %),
pharyngite, laryngite et trachéite (11 %) ou pour plus d'un des
diagnostics ci-dessus (13 %).
Critères principaux de jugement Ils comprenaient la
prescription d'antibiotiques à large spectre, définis dans cette
étude par les quinolones, l'amoxicilline/acide clavulanique,
deuxième et troisième générations de
céphalosporines et azithromycine et clarithromycine.
Résultats Des antibiotiques avaient été
prescrits à 63 % des patients présentant une infection du
tractus respiratoire supérieur, avec des variations allant de 46 % des
patients dans le simple rhume ou les infections du tractus respiratoire
supérieur à 69 % des patients ayant une sinusite aiguë. Des
agents à large spectre avaient été choisis chez 54 % des
patients ayant reçu un antibiotique, y compris 51 % des patients ayant
un simple rhume ou une infection du tractus respiratoire supérieur non
spécifiques, 53 % ayant une sinusite aiguë, 62 % une bronchite
aiguë et 65 % une otite moyenne. Les analyses multivariées ont
identifié plusieurs facteurs cliniques et non cliniques associés
au choix d'un antibiotique à large spectre. Après ajustement sur
le diagnostic et les pathologies chroniques comorbides, les facteurs
indépendants les plus puissants de la prescription d'un antibiotique
à large spectre étaient la spécialité du
médecin (Odds Ratio [OR]: 2,4; intervalle de confiance à 95 %
[IC]: 1,6-3,5 pour les internistes par rapport aux médecins
généralistes et aux médecins de famille), la
région géographique (OR: 2,6; IC 95 %: 1,4-4,8 pour le nordest
et OR: 2,4; IC 95 %: 1,4-4,2 pour le sud [les deux comparés à
l'ouest]). Les autres facteurs prédictifs indépendants pour le
choix d'un antibiotique à large spectre était la race noire,
l'absence d'assurances sociales, l'appartenance à une organisation de
soins de santé, dont chacun était associé à des
taux plus faibles de prescription d'agents à large spectre. L'âge
des patients, le sexe et la situation citadine par rapport à rurale
n'étaient pas significativement associés au choix de la
prescription.
Conclusions Les antibiotiques à large spectre sont
fréquemment prescrits dans le traitement des infections respiratoires
aiguës, en particulier par les internistes et les médecins du
nord-est et du sud. Ces taux élevés de prescription, les
importantes variations dans les profils de pratique et la forte association
à des facteurs non cliniques dans le choix des antibiotiques
suggèrent qu'il existe des opportunités pour améliorer
les profils de prescription.
JAMA. 2003 ; 289 : 719-725.