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  Vol. 300 No. 14, 8 octobre 2008 TABLE OF CONTENTS
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La Dentelière


Figure 1
Johannes Vermeer 1632-1675 © Musée du Louvre, Paris "La Dentelière" 1669-1670

Lorsqu’à la fin du XVIe siècle les incessantes batailles militaires s’éloignent des terres de cultures, la République Hollandaise entre enfin dans une période de croissance économique. La conclusion de la Trêve de douze ans entre 1609 et 1621 signifiait l’arrêt provisoire des combats entre Hollandais et Espagnols.

Ces changements trouvent naturellement un écho dans l’art, même dans une discrète petite ville de province, comme Delft, ils ne passent pas inaperçus. Mais, en raison de sa révolte contre l’Eglise catholique, Delft perd non seulement ses principales œuvres d’art mais aussi le principal commanditaire de ses artistes.

Les peintres de la ville trouvent cependant très vite un nouveau marché auprès de la grande bourgeoisie naissante. Désormais, comme partout en Europe, l’art vient orner les salons et non plus les églises. C’est l’époque de Van Dyck, Rembrandt, Fragonard, De Witt et de beaucoup d’autres que l’on nomme vite portraitistes.

Au sein de cet âge d’or hollandais, Johannes Vermeer.

C’est le 31 Octobre 1631 à la Nieuwe Kerk que Reynier Jansz et Digna Baltens font baptiser dès le jour de sa naissance leur fils, Johannes.

Reynier, qui produit de fines étoffes de satin appelées « caffa » est également inscrit à la guilde des artistes de Saint Luc de Delft en qualité de marchand d’art. Dans l’œuvre de son fils, l'empreinte familiale restera marquée : l’étoffe est abondamment présente et nous ignorons à quelle époque, il décide d’embrasser la carrière de peintre plutôt que de succéder à son père dans l’entreprise familiale.

Le mystère de Vermeer, c’est l’équilibre qu’il trouve sur ses toiles.

Dès qu’il commence à représenter les scènes de la vie quotidienne, il fait appel à de nombreuses techniques pour donner à sa peinture l’apparence de la réalité avec un raffinement sans égal. Vermeer reconstitue soigneusement les textures et construit des systèmes de perspectives afin de donner l’illusion du réel. Son premier objectif est d’exécuter une réplique de la réalité.

Il est d’abord formé dans l’atelier de Rembrandt. Puis, pour réaliser des compositions riches en lumière, il utilise un appareil optique avec une chambre noire, qui permet à l’artiste de cadrer une scène de la vie. La chambre noire intensifie les couleurs de l’image et différencie plus nettement les profondeurs. Elle produit également des effets optiques habituellement non visibles, résultant de la réflexion d’une lumière vive par une surface brillante.

Vermeer atteint cet équilibre dans : « La Dentelière ».

Les brins flous de fil qui tombent sur la table ainsi que l’aspect informel de la composition centrée autour de l’ouvrage laisse penser que Vermeer a utilisé sa chambre noire. La jeune dentelière se penche attentivement sur son ouvrage, tenant fermement les fuseaux et les épingles nécessaires à son travail. Assise derrière sa table sur un coussin bleu, elle est totalement absorbée par sa tâche. Vermeer réussit à capter l’attention du spectateur avec une égale intensité, hypnotisant par l’art et l’habileté de la jeune fille.

C’est donc essentiellement l’aspect intimiste du tableau, lié à une multitude de petits détails, son thème personnel et sa composition originale qui attire le spectateur. Vermeer, sait reproduire avec éclat dans chacune de ses toiles les teintes, les reflets, la brillance des étoffes auxquelles il donne une chaleur et une lumière qu’il focalise dans chaque tableau et que l’on retrouve dans ce tableau au premier plan, avec toute la fluidité de son univers, donnant l’illusion de fils diffus colorés sortant du coussin à coudre entrouvert. Leur forme se répand sur les dessins floraux tout aussi évocateurs du tapis de table. Vermeer atteint une pleine harmonie dans ses compositions par le recours à la perspective, à la proportion et à des arrangements subtils, idéalisant une approche philosophique d’une vie tournée vers les convictions morales qui se cachent sous sa peinture.

Certainement orienté dans le choix de ses œuvres par l’activité paternelle, Vermeer traduit admirablement ce qu’il reçut de son éducation et transcrit le besoin d’équilibre et d’harmonie de l’existence et le destin de l’homme poussé à la réflexion morale avant l’action. Ce raffinement technique qui lui permet de nuancer l’atmosphère s’accorde à la subtilité avec laquelle il exprime les sentiments humains les plus tenus, comme en témoignent les portraits féminins de son œuvre : La jeune fille à la perle, Portrait d’une jeune fille, La jeune femme à la flûte, La fille au chapeau rouge, qui s’adressent directement au spectateur.

Lorsqu’il meurt dans sa ville natale, Delft, le 15 décembre 1675, il laisse son épouse Catharina et leurs huit enfants dans des difficultés financières qu’elle assume. Son œuvre inspire et intéresse les historiens, Vermeer est reconnu comme l’un des génies de la peinture, il est le maître qui a dompté la main de l’artiste et les couleurs, celui dont le peu de tableaux qu’il peignit s’arrachent et semblent inaccessibles, mais son immense gloire fut posthume.

Emma Guerlain







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